Cette fois-ci, c’est bien parti pour les OPCI grand public. Amundi Immobilier a ouvert la voie en 2011, avec Opcimmo dont l’encours atteint 120 millions d’euros à la fin août et progresse au rythme de 10 millions de souscriptions mensuelles. La filiale de gestion d’actifs du Crédit Agricole et de la Société Générale va maintenant trouver un compétiteur de poids avec le lancement de l‘OPCI Grand Public Selectiv’Immo. Ce nouveau véhicule d’investissement commercialisé depuis la mi-septembre SGP (Axa Real Estate), est doté dès sa création d’un encours de 434 millions d’euros et affiche une belle ambition de collecter 100 millions d’euros en un an, un rythme proche donc de celui de son premier concurrent.
Selectiv’Immo veut offrir aux particuliers l’opportunité d’investir dans l’immobilier physique d’entreprise, dont le montant unitaire des investissements ne rendait possible ce type d’actifs accessible pour le grand public uniquement par le biais des SCPI ou des foncières cotées (SIIC). En agrégeant trois anciens véhicules portés par les fonds propres de l’assureur, Axa part avec l’avantage d’avoir déjà procédé à une bonne part de ces investissements physiques avec 12 biens immobiliers. Selectiv’Immo est investi à 57 % en commerces et en bureaux. La poche de liquidités compte pour 30 % et le solde est investi dans des actifs financiers (actions et obligations de foncières cotées en Bourse). Ce profil est assez proche de celui d’OPCIMMO qui comptait à la fin du mois d’août une exposition immobilière de 70% dont 37% d’immobilier direct, 2% immobilier indirect, 6% d’actions de foncières cotées et 25% de produits obligataires immobiliers. Le reste étant investi sur des produits obligataires à sous-jacent non immobilier pour 6% ainsi que 24% en liquidités. Le portefeuille d’actifs immobiliers est actuellement constitué des deux immeubles de bureaux parisiens acquis en 2011 et une participation immobilière dans un immeuble de bureaux situé dans le quartier Canary Wharf de Londres.
Axa comme Amundi immobilier fonde l’essentiel de sa politique de collecte sur la distribution de ce fonds par l’assurance-vie. Amundi suscitait la jalousie et l’admiration de ses concurrents en ayant le premier réussi à adapter son modèle à la règle fiscale qui pénalise les OPCI détenus à plus de 20 par un actionnaire. Visiblement, Axa a trouvé lui aussi les clés du succès. L’OPCI par la diversification de ses actifs en faveur d’éléments plus liquides que l’immobilier en direct ou les SCPI, améliore le profil de risque des contrats d’assurance-vie ayant pour support l’immobilier. Que ce soit dans un fonds en euros ou en unité de compte, l’assureur supporte seul le risque de liquidité qu’il doit impérativement accorder aux souscripteurs des contrats. Nul doute maintenant que les deux initiatives d’Amundi et d’Axa seront rapidement suivies par les grands assureurs et les grandes sociétés de gestion. Si le cadre des OPCI a séduit comme le montre l’explosion de leur encours qui a doublé l’an dernier à 22,9 milliards d’euros (à comparer aux 25 milliards d’encours des SCPI), ce fut essentiellement en raison des OPCI à règles de fonctionnement allégé. Les OPCI grand public tardaient à s’envoler. En fin d’année 2011, on ne recensait que 7 OPCI grand public pour un encours global de 200 millions d’euros. Le milliard d’euros devrait être acquis dès 2012. D’autant que la petite reprise de la Bourse au cours des derniers mois viendra atténuer les craintes du public « riscophobe » qui montre toujours très peu d’appétit pour les actions cotées. Au contraire, alors que la rentabilité de l’immobilier tertiaire tout en restant élevée s’inscrit sur une pente déclinante, la poche investie sur les valeurs mobilières pourrait réserver de bonnes surprises et permettre aux OPCI de faire état de performances enviables.
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