Les OPCI Grand Public n’ont pas subi la crise sanitaire avec la même sérénité que les SCPI. L’an dernier, le recul moyen de leurs valeurs liquidatives s’affichait à 1,54%. En raison, bien sûr, du repli des cours des foncières cotées auxquelles ils sont en partie exposés. Mais certains véhicules ont su tirer leur épingle du jeu…
Le bilan 2020 des OPCI est, on le sait, pour le moins contrasté. La crise sanitaire les aura affectés à double titre. D’abord, en termes de collecte. L’an dernier, les 20 véhicules alors existants n’ont recueilli qu’un peu moins de 2 Md€ de nouvelles souscriptions. Soit environ 30% de moins qu’en 2019. Surtout, à la différence des SCPI dont la collecte s’est redressée en fin d’année, celle des OPCI est demeurée atone.
Baisse de la collecte en ligne avec la baisse des performances
Au deuxième semestre, ces derniers n’ont en effet collecté que 355 M€. Ce qui constitue « un point bas historique de collecte semestrielle depuis 2013 », comme le constate l’analyste Christopher Puyraimond dans l’une des dernières études de l’IEIF consacrée au marché des OPCI[1]. Ce recul relatif de l’attrait des OPCI s’explique en grande partie par celui de leurs performances. C’est le deuxième effet négatif de la crise sanitaire. Dès le mois de mars 2020, la performance globale des OPCI affichait un recul mensuel de 2,87%. En juin, leur performance annualisée passait dans le rouge. Pour finir l’année sur un score négatif de 1,54%. Les OPCI payaient donc ainsi leur contribution à la contrainte de liquidité. Rappelons que les OPCI, à la différence des SCPI, ne peuvent en effet durablement investir plus de 60% à 65% de leurs actifs en immobilier physique.
Des résultats 2020 dépendants du niveau d’exposition aux actifs financiers
Le solde peut être placé en liquidités ou en actifs financiers. Y compris et notamment en foncières cotées en Bourse. Lesquelles, on le sait, ont particulièrement souffert de la chute des marchés. La performance 2020 des OPCI dépendait donc en grande partie de leur niveau d’exposition à cette poche financière. Et de la façon dont ils ont su la gérer durant la crise. EDR Immo Premium, chez Edmond de Rothschild, affiche par exemple un objectif d’allocation cible de 30% en actifs financiers. Ce qui est au-dessus de la moyenne des OPCI. Un positionnement qui ne lui a pas été favorable l’an dernier. Bien que cette poche n’ait représenté que 19% de son patrimoine au début de la crise, fin février, elle lui a fortement porté préjudice.
Des performances 2020 comprises entre -7,84% et +5,85%
EDR Immo Premium affiche en effet la plus mauvaise performance des OPCI en 2020. Avec un recul de 7,84% sur la période. Depuis le début de l’année 2021, il a toutefois largement rattrapé son retard. Fin avril, il surperformait de près de 1,6% la moyenne du marché (+2,43% vs 0,84%[2]). Fin mai, sa progression dépassait les 4%. A l’inverse, on retrouve dans le peloton de tête du classement 2020 les OPCI les plus structurellement fortement exposés à l’immobilier physique. C’est le cas, par exemple, de l’OPCI LF Cerenicimo + lancé en 2017 par La Française REM et Cerenicimo. Ce véhicule vise une poche d’immobilier physique pouvant atteindre jusqu’à 85% de son patrimoine. Et il exclut par principe tout investissement dans des actifs financiers (actions ou obligations), la liquidité de ses parts étant assurée par une poche d’actifs de trésorerie (15% minimum).
Les OPCI sans poche d’actifs financiers avantagés
Une stratégie particulièrement payante l’an dernier. LF Cerenicimo + se place en effet en 3e position du palmarès 2020, avec une performance de 5,22%. Juste devant Sofidy Pierre Europe (5,56%), lancé en mars 2018. Et d’Altixia Valeurs Actions (5,85%), de création plus récente. Lui aussi se distingue par une poche d’actifs financiers réduite à zéro. Non par choix, puisque l’OPCI a statutairement prévu de pouvoir y placer jusqu’à 35% de son patrimoine. Mais en raison d’un encours jugé encore insuffisant. « Aucune poche d’actions de foncières cotées ou d’actifs financiers n’a été constituée en 2020. Compte tenu de l’encours limité ne permettant pas de constituer un portefeuille d’actifs financiers suffisamment diversifiés », rapporte en effet le dernier rapport annuel d’Altixia Valeurs Actions. A noter que la gestion de cette poche financière avait été confiée à… Edmond de Rothschild AM.
Frédéric Tixier
[1] « Analyse de l’année 2020 des OPCI Grand Public : quels résultats et quelles perspectives après une année 2020 tumultueuse ? » – IEIF – Mars 2021. [2] Indice IEIF OPCI Grand Public mensuel.Lire aussi
A propos de l’IEIF(i)
Créé en 1986, l’IEIF est un centre d’études, de recherche et de prospective indépendant spécialisé en immobilier. Son objectif est de soutenir les acteurs de l’immobilier et de l’investissement dans leur activité et leur réflexion stratégique, en leur proposant des études, notes d’analyses, synthèses et clubs de réflexion. L’approche de l’IEIF intègre l’immobilier à la fois dans l’économie et dans l’allocation d’actifs. Elle est transversale, l’IEIF suivant à la fois les marchés (immobilier d’entreprise, logement), les fonds immobiliers (cotés : SIIC, REIT ; non cotés : SCPI, OPCI, FIA) et le financement.
A propos de l’ASPIM(i)
L’Association française des sociétés de placement immobilier (ASPIM) représente et défend les intérêts de ses adhérents, les gestionnaires de fonds d’investissement alternatif (FIA) en immobilier (SCPI, OPCI et autres FIA « par objet »). Créée en 1975, l’ASPIM est une association à but non lucratif qui réunit tous les acteurs du métier de la gestion des fonds immobiliers non cotés. En France, au 31 décembre 2019, les FIA en immobilier représentaient une capitalisation totale de 231 milliards d’euros.
(i) Information extraite d’un document officiel de la société