Les foncières cotées encaissent bien la perte du « AAA » de la France. Le défi des Siic est celui de l’accès au crédit bancaire qui se contracte.
Au lendemain de l’annonce de la perte de la prestigieuse note « AAA » par la France, les foncières cotées se sont montrées résistantes. A la mi-journée, le leader européen Unibail Rodamco grappillait +0,6 % face à un indice CAC 40 à l’équilibre, alors que les autres grandes foncières de la cote, affichant un surplace de bon aloi, étaient absentes aussi bien du palmarès des hausses que de celui des baisses.
Les sociétés d’investissement immobilier cotées (SIIC) ont en effet montré une forte activité de rééquilibrage de leur bilan depuis trois ans qui les met à l’abri des tensions sur les taux d’intérêt qui sont apparues lors des derniers mois. Toutefois si ces tensions ont eues pour effet d’accroître l’écart de rendement (spread) exigé des investisseurs à l’égard des emprunts d’Etat Français – depuis le début de l’année 2011 ce spread s’est fortement élargi en passant de 50 points de base (0,5 %) avec les Bunds allemands à 131 points de base – le rendement des OAT 10 ans demeure aujourd’hui inférieur à celui constaté il y a un an (3,075 % contre 3,322 %). Le scénario alliant un vieillissement de la population et l’absence de réelles tensions inflationnistes devrait d’ailleurs préserver les emprunteurs français d’une trop forte poussée sur les taux d’intérêt obligataires estime Pierre Sabatier économiste chez PrimeView.
Le défi des foncières comme celui du secteur immobilier européen dans toutes ses composantes (on évoque un besoin de refinancement de 300 milliards d’euros pour les trois ans à venir !) tient davantage à la contraction du crédit bancaire en Europe. Mais dans cet environnement les grandes foncières comme Unibail Rodamco disposent d’un avantage compétitif majeur grâce à leur accès direct au marchés obligataire et à ses émissions réalisées au cours des derniers mois qui lui ont permis de construire une courbe des taux cohérente et attractive. Plus que jamais les conditions de financement des grandes foncières et des acteurs de second plan devraient diverger.
Christophe Tricaud