« Le télétravail n’est conçu ni par les salariés, ni par les décisionnaires d’entreprise, comme une alternative au présentiel : il vient le compléter, sans s’y substituer », affirme le conseil en immobilier d’entreprise Savills. Qui vient de finaliser le second volet d’une enquête[1] visant à mesurer l’ampleur et l’impact du possible développement du télétravail dans les entreprises françaises. Après avoir interrogé, cet été, les dirigeants, Savills a cette fois sondé les salariés. Les résultats sont assez similaires…
Le temps des « remote companies » n’est pas venu
Si les entreprises et leurs employés se sont approprié le télétravail depuis le début de la crise sanitaire, « avec une rapidité et une ampleur surprenantes » écrit Savills, le « monde d’après » ne sera pas pour autant dominé par des « remote companies ». Autrement dit, par des sociétés sans bureaux, et totalement dématérialisées. Le télétravail est pourtant très bien perçu. D’abord parce qu’il a permis à bon nombre d’entreprises de poursuivre leurs activités durant le premier confinement. C’est 81% des sociétés interrogées par Savills. 84% des salariés considèrent ensuite que le travail a eu « un impact très ou plutôt positif en termes d’autonomie et d’efficacité ». Un sentiment encore plus marqué que celui de leurs « patrons ». Qui ne sont que 77% à juger l’expérience satisfaisante.
Le télétravail, oui, mais deux jours par semaine au maximum
Le télétravail est donc désormais ancré dans le champs des modes d’organisation possibles. Entreprises et employés envisagent, à une très large majorité, de le développer. 84% des salariés souhaitent y recourir davantage à l’avenir. Et 87% des décisionnaires d’entreprise. Faut-il pour autant craindre – espérer – la généralisation du télétravail ? Non, répond Savills. « A une écrasante majorité de 73%, les salariés interrogés n’imaginent en effet le recours au télétravail que dans la limite de 2 jours hebdomadaires au maximum. C’est exactement la même proportion que celle observée dans notre enquête auprès des décisionnaires », constate le conseil en immobilier. Ajoutant « qu’aucune dématérialisation totale du poste de travail n’est à prévoir. »
Un impact attendu sur les besoins en mètres carrés de bureaux
Dans cette hypothèse où le télétravail entrerait dans les pratiques habituelles – sans s’y substituer -, il aurait toutefois néanmoins bien un impact sur les besoins en mètres carrés des entreprises. Savills estime qu’un tel schéma pourrait leur permettre de réduire le nombre de postes de travail « de 25% à 40% par rapport à la situation ante ». Ajoutant que la réduction des surfaces en résultant ne serait en revanche corrélée au nombre de postes de travail que si les entreprises conservent « un aménagement et une densité équivalents ». Ce qui, estime Savills, « apparaît peu vraisemblable dans la situation actuelle ». L’enquête montre en effet qu’un « trait semble en passe d’être tiré », tout du moins pour un temps, « sur les grands open spaces et la densification ». Les salariés y étaient, depuis longtemps, majoritairement opposés. La nouveauté, c’est que les employeurs semblent désormais prêts à y renoncer.
Flexibilité vs densification
La « quête de la flexibilité » pourrait se substituer à celle de la densification. Une adaptation des bureaux est donc bien en marche. On s’oriente, estime Savills, vers un « bureau hyper connecté, centre et lieu de rencontres (présentielles mais aussi virtuelles) entre salariés et avec les partenaires extérieurs de l’entreprise ». Mais il confirme : la réduction potentielle du nombre de postes de travail sera « au moins en partie » compensée par le développement d’autres types d’espaces. Plus d’espaces collaboratifs – 12% des surfaces utilisées actuellement -, de surfaces d’accompagnement (telles que les restaurants ou cafétérias) – 15% actuellement -. Et moins de surfaces dédiées aux postes de travail stricto sensu – 53% actuellement -. Le bureau n’a pas fini de se réinventer…
Frédéric Tixier
[1] « Office Fit – Vers le bureau Swipe & Date » – Savills – Février 2021.Lire aussi
A propos de Savills(i)
Conseil international en immobilier coté à la Bourse de Londres, Savills possède un réseau de plus de 600 bureaux et associés et emploie plus de 39 000 employés à travers le monde. Savills propose une large gamme de services (conseil, gestion, transaction, expertise, etc.) à ses clients du monde entier. Les employés de Savills associent l’esprit d’entreprise à une connaissance approfondie de leur secteur et proposent un service sur mesure à leurs clients.
(i) Information extraite d’un document officiel de la société