Les données trimestrielles du groupement ImmoStat attestent un repli des marchés immobiliers de l’ordre de 50% sur le 4e trimestre. L’exercice 2022 reste néanmoins « honorable ». Ce ne sera pas le cas en 2023. Synthèse…
L’ampleur de la chute varie -marginalement- selon les sources. Pour le groupement ImmoStat[1], le volume investi en immobilier d’entreprise en France[2], sur le dernier trimestre 2022 (5,4 Md€), est en repli de 52% par rapport au 4e trimestre 2021. Sur la seule région Ile-de-France, le recul des investissements (2,5 Md€) est encore plus sensible : -62%.
Un volume d’investissement en immobilier d’entreprise divisé par deux au 4T
Chez BNP Paribas RE, les transactions nationales du 4e trimestre sont évaluées à 6,1 Md€. Et la baisse, comparée au 4T 2021, à 47%. « Ainsi que sur la moyenne décennale », précise le conseil en immobilier. Même ratio chez Cushman & Wakefield. Qui constate que le 4e trimestre 2022 « marque clairement le pas. Avec un volume divisé de moitié sur un an ». Sur l’ensemble de l’année écoulée, les volumes investis en immobilier d’entreprise en France, compte tenu d’un début d’exercice en forte reprise, affichent en revanche « un niveau honorable ». ImmoStat et CBRE les évaluent à 25,5 Md€. 2% de moins qu’en 2021. BNP Paribas RE les situe à 27,9 Md€. Cushman & Wakefield à près de 26 Md€. Dans tous les cas, à un niveau proche de l’exercice précédent.
Changement de paradigme pour l’immobilier
Quel que soit le montant final retenu, la messe est dite. La fin d’année 2022 consacre le ralentissement de l’activité, sensible dès l’été dernier. L’exercice écoulé restera de fait « dans les annales comme un moment charnière », estime d’ailleurs CBRE. Entre le monde « d’avant ». Caractérisé par une profusion d’argent à bas coût, des taux d’intérêt très bas, et la compression des taux de rendement immobilier. Et le monde « d’après ». Marqué, quant à lui, par la forte et brusque remontée du coût de l’argent. Et la nécessaire remontée des taux de rendement immobilier. Laquelle, on le sait, s’est fait attendre. « Le T3 a été le point de bascule entre ces deux paradigmes, affichant des résultats en trompe-l’œil », explique Nicolas Verdillon, Managing Director Investment Properties chez CBRE. Les chiffres attestaient alors encore une bonne tenue de l’activité.
SCPI et OPCI trustent le quart des investissements en immobilier d’entreprise
Mais ils ne reflétaient en réalité que « la concrétisation de négociations initiées en début d’année à des taux le plus souvent obsolètes », estime-t-il. Faute de convergence sur les prix entre vendeurs et acheteurs, le 4e trimestre s’est donc placé sous le signe de l’attentisme. Il n’était toutefois « pas totalement à l’arrêt, faute de liquidités, comme en 2008 », pointe Nils Vinck, Head of Capital Markets France chez Cushman & Wakefield. Pour ce dernier, les investisseurs sont actuellement confrontés à une problématique de risques et de financement, surtout pour les gros volumes. Le genre de transactions qui « ne peuvent pas se faire en « « full equity » » , rappelle-t-il. Ceux qui disposent de fonds propres en profitent. BNP Paribas souligne d’ailleurs que les SCPI et OPCI, grâce à leur forte collecte, trustent « plus du quart du volume global d’investissement en France » en 2022.
Baisse annoncée pour 2023
Pour tous ces observateurs, le marché de l’investissement immobilier ne retrouvera, au mieux, une certaine fluidité qu’au cours du deuxième semestre 2023. Lorsque les prix des actifs se seront ajustés aux nouvelles conditions monétaires… Dans toutes les hypothèses, le volume transactionnel s’ajustera à la baisse. Dans le sillage de celle constatée au 4T 2022. Nils Vinck, chez C&W, se risque même à un pronostic. « Vers le plancher des 20 Md€ annuels… », estime-t-il…
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A propos d’Immostat(i)
ImmoStat est un groupement d’intérêt économique (GIE) créé en 2001 par les principaux conseils en immobilier d’entreprise : BNP Paribas Real Estate, CBRE, JLL et Cushman & Wakefield. Grâce à ses règles communes de traitement, le GIE ImmoStat restitue des informations harmonisées à ses membres et fournit des statistiques homogènes sur l’offre, la demande et les prix aux acteurs de l’immobilier, qu’ils soient utilisateurs ou investisseurs. Cette initiative originale renforce la lisibilité du marché et dote l’Ile-de-France d’un véritable organe de place qui contribue à son attractivité à l’international.
(i) Information extraite d’un document officiel de la société.
[1] BNP Paribas Real Estate, CBRE, Cushman & Wakefield et JLL.
[2] Le montant de l’investissement retenu par ImmoStat représente le volume global des biens acquis en immobilier d’entreprise (bureaux, commerces, locaux d’activités, entrepôts) lors de transactions dont l’acquéreur est un investisseur et dont le montant acte en main est supérieur à 4 millions d’euros.