Trou d’air sur les transactions… Les investisseurs institutionnels sont dans l’attente de « nouvelles conditions » de marché. Autrement dit, d’une baisse des prix. Que les vendeurs ne sont pas encore prêts à consentir. Peut-être en 2023 ?
« Les investisseurs ont posé le stylo », estimait Georges Rocchietta lors du dernier colloque IEIF[1]. Pour le président-directeur général d’Atland, les distorsions sont telles entre les attentes des acheteurs et celles des vendeurs que le marché est, depuis plusieurs mois, en état de quasi-sidération… Un constat partagé par la plupart des autres intervenants de ce colloque. Et qu’un sondage, mené ces derniers jours par le conseil en immobilier Savills, vient également étayer.
Investisseurs en immobilier : approche plus « défensive »
Selon cette étude, réalisée auprès d’investisseurs et de gestionnaires d’actifs en Europe et au Moyen-Orient[2], 55% des personnes questionnées avouent « désormais adopter une approche plus défensive ». Qui se manifeste notamment par un repli vers les secteurs jugés, précisément, les plus défensifs. Autrement dit, le logement collectif. La logistique, notamment urbaine. Les bureaux prime, au centre des quartiers d’affaires. Et les résidences étudiantes. Mais le point le plus intéressant est révélé par Alexandre Wodka, head of investment chez Savills France. Celui-ci constate, en dépit du contexte macro-économique et géopolitique, une toujours « assez forte activité des investisseurs ». Laquelle se manifeste essentiellement « par un nombre significatif de visites ». Mais pas par des deals…
Les investisseurs acheteurs attendent la baisse des prix…
Ces investisseurs ont pourtant, selon Savills, « l’intention de s’exprimer ». A condition, toutefois, que de « nouvelles conditions » de marché se matérialisent… Pour le conseil en immobilier, ces nouvelles conditions doivent impérativement intégrer « les données actuelles sur le financement ». Autrement dit, prendre en compte la hausse des taux. Et le durcissement des conditions d’octroi de crédit. Elles devront également inclure les « attentes plus élevées en termes de taux de sortie » des investisseurs. Autrement dit, acter une baisse des prix. Laquelle tarde à venir… Amal Del Monaco, group investment & asset management executive chez Patrizia, gros investisseur international, qui s’exprimait elle aussi lors du colloque IEIF, ne dit pas autre chose. « Les investisseurs institutionnels, fonds de pension, assureurs, n’ont aucune raison d’investir actuellement », estimait-elle.
Les transactions pourraient reprendre début 2023
Pour que la situation se débloque, il faudra attendre, considère Savills, début 2023. Une fois le bal des expertises annuelles passé. Et à condition, surtout, que « les vendeurs fassent également preuve de réalisme ». Dans cette hypothèse, le conseil en immobilier espère alors « un marché plus liquide ». Mais pas pour autant en croissance. Déjà, les analyses préliminaires de Savills estiment le volume des investissements immobiliers en Europe, sur les neuf premiers mois de l’année, à environ 200 Md€. Soit une chute de « 10% à 11% » par rapport à la même période en 2021. Une contraction qui pourrait se poursuivre en 2023. Dans le sillage de la baisse des valeurs des actifs immobiliers…
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A propos de Savills(i)
Conseil international en immobilier coté à la Bourse de Londres, Savills possède un réseau de plus de 600 bureaux et associés et emploie plus de 39 000 employés à travers le monde. Savills propose une large gamme de services (conseil, gestion, transaction, expertise etc.) à ses clients du monde entier. Les employés de Savills associent l’esprit d’entreprise à une connaissance approfondie de leur secteur et proposent un service sur-mesure à leurs clients.
A propos de l’IEIF(i)
Créé en 1986, l’IEIF est un centre d’études, de recherche et de prospective indépendant spécialisé en immobilier. Son objectif est de soutenir les acteurs de l’immobilier et de l’investissement dans leur activité et leur réflexion stratégique, en leur proposant des études, notes d’analyses, synthèses et clubs de réflexion.
L’approche de l’IEIF intègre l’immobilier à la fois dans l’économie et dans l’allocation d’actifs. Elle est transversale, l’IEIF suivant à la fois les marchés (immobilier d’entreprise, logement), les fonds immobiliers (cotés : SIIC, REIT ; non cotés : SCPI, OPCI, FIA) et le financement.
(i) Information extraite d’un document officiel de la société
[1] « Vers un nouveau monde » – Colloque IEIF du 8 novembre 2022
[2] Dont les portefeuilles dépassent les 500 milliards d’euros