Sébastien Bareau a rencontré Brice Ruel, directeur général de Trinity Gestion Privée. Son cabinet intervient essentiellement en région Rhône-Alpes-Auvergne. Il privilégie les fonds ISR et thématiques. Et préfère l’immobilier en direct aux véhicules collectifs. Interview.
Pouvez-vous nous présenter votre cabinet ?
Brice Ruel – Trinity Gestion Privée est un cabinet de conseil en gestion de patrimoine agissant principalement dans la région Rhône-Alpes-Auvergne. Nous intervenons auprès d’une clientèle principalement de cadres, de cadres supérieurs et de chefs d’entreprises. Notre approche comportementale de la gestion de patrimoine, basée sur une segmentation psychographique de notre clientèle, nous permet également de conseiller plus de 200 familles. Aujourd’hui nous faisons partie du club des cabinets de moins de 150 M€. Forts d’une croissance moyenne annuelle de 54 % depuis la création de notre société, en 2015, nous avons pu éprouver la qualité de notre transformation digitale opérée en 2018. Et les bienfaits de cette dernière lors de la crise Covid. Nous avons pu garder notre cap avec la même régularité que les années précédentes. L’ensemble de l’équipe, basée à Valence, est à ce jour constitué de 6 personnes.
Quelle est la typologie de votre clientèle et quel portefeuille type leur proposez-vous ?
Brice Ruel – Nous gérons pour le compte de nos clients environ 500 contrats. Lesquels sont répartis sur l’ensemble de notre territoire d’implantation historique : rhône-alpin – Auvergne. Mais aussi Côte d’Azur et Ile de France. De plus, nous travaillons avec une grande clientèle d’expatriés que nous développons. Nous envisageons l’ouverture prochaine d’un bureau à l’étranger.
Nous privilégions les fonds ISR et les thématiques qui nous semblent porteuses en assurance-vie, contrat de capitalisation, compte-titre et PEA. Depuis 3 ans, nous avons franchi le cap des 80% dans nos allocations et sans grever la performance de nos clients. C’est une réussite pour eux et pour nous !
Quels types de fonds thématiques ?
Brice Ruel – Des fonds thématiques spécialisés dans, par exemple, le traitement des déchets, le traitement et l’acheminement de l’eau, le spatial et l’aéronautique, la tech… Ils représentent pour nous des sources de performances solides pendant les périodes d’incertitude que nous rencontrons. Nous avons ainsi référencé depuis 24 mois trois grands noms liés à ces secteurs d’investissement spécifiques.
Avez-vous des secteurs ou produits que vous affectionnez moins ?
Brice Ruel – La remontée des taux, l’inflation, l’augmentation du coût des matières premières, etc., forment un environnement compliqué à analyser et très risqué aujourd’hui. C’est pour ces raisons que l’orientation sectorielle et thématique est à privilégier ! De plus, tous les produits émis ne sont pas une réussite. Cependant, avec une analyse soignée de ce qui constitue la composition du fonds, nous pouvons le cas échéant conseiller à nos clients un peu d’exotisme pour une partie n’excédant pas 5 % de leurs avoirs totaux. Car qui dit produits de niche (FCPI, SOFICA, Malraux, etc.), dit attention aux risques de forte perte des capitaux.
Gestion active, gestion passive ?
Brice Ruel – Nous nous définissons plus comme des spécialistes de la gestion active que passive. C’est pour cela que nous n’avons pas de fonds immobiliers dans nos préconisations. En effet, ces placements n’offrent pas une liquidité suffisante à court terme, pour valider un arbitrage et/ou un retrait. Il faut compter de 2 à 3 mois pour sortir de ? la ligne. Dans une économie de marché où tout va très vite, l’immobilisme à court terme ne correspond pas à notre gestion.
En parlant d’immobilier, quelle est votre avis sur le sujet ?
Brice Ruel – Nous appliquons une diversification globale du patrimoine de nos clients, par des investissements financiers, immobiliers, arts, etc. Concernant l’investissement immobilier au sein du cabinet, ce qui représente environ 1 client sur 5, nous privilégions l’investissement en direct dans le nu, ancien et/ou en VEFA. Nous réalisons systématiquement une expertise du foncier. Car, tout le monde le sait, la règle en immobilier d’investissement reste « l’emplacement » ! Donc, nous nous déplaçons et étudions tous les fonciers avant toute proposition d’investissement à nos clients.
Et concernant la pierre-papier ?
Brice Ruel – Je peux entendre l’engouement des porteurs de parts de SCPI, OPCI, SCI, etc. En effet, depuis les préconisations du Haut conseil de stabilité financière (HCSF) qui sont adoptées et mises en application par l’ensemble du pool bancaire français, les clients ne peuvent plus dépasser 35% de taux d’endettement, reste à vivre inclus. Ce changement radical va forcément entraîner des répercussions sur le marché de l’immobilier. Et booster l’immobilier d’investissement partagé (SCPI, OPCI…) à faible coût. Mais nous pouvons nous poser la question de la rentabilité réelle de ce genre de placement. Même si des grands noms de la SCPI annoncent des rendements réguliers extraordinaires depuis 15 ans sur leurs fonciers parisiens, qu’en est-il réellement aujourd’hui ?
Précisément…
Brice Ruel – Le foncier de bureau nous semble en grande souffrance. Il n’y a qu’à regarder la différence de fréquentation sur le parvis de La Défense entre 2019 et 2021… Ce phénomène est malheureusement national, la Covid-19 a forcé nos entreprises à s’adapter et à gérer différemment les espaces de travail.
Moins de monde dans les bureaux, moins de besoins d’espace pour les locataires, moins de recettes pour les foncières… CQFD !
Comment avez-vous traversé la crise sanitaire ?
Brice Ruel – Aucun de nos clients n’a eu le sentiment que leur patrimoine financier était en danger. Nous communiquons de manière régulière avec eux, par sms, mail, téléphone. Ainsi, il n’y a pas eu d’inquiétude particulière de leur part. Nous sommes, en effet, très présents auprès de notre clientèle. Ils reçoivent une newsletter trimestrielle. Nous organisons des points de situation réguliers, des rendez-vous macroéconomiques pour leur présenter les tendances. Et les solutions apportées par le cabinet sur leurs contrats. Par exemple, nous avons réussi à sécuriser 100% de nos clients entre le 20 et le 25 février 2020[1]. Et nous avons opéré un retour progressif sur les thématiques décrites précédemment.
[1] Chute des principaux indices boursiers à cette période (NDLR).Lire aussi
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