Ainsi la pierre est redevenue la valeur refuge préférée des Français, détrônant l’or et devançant l’assurance vie, si l’on en croit le sondage IFOP réalisé pour le site internet « aucoffre.com » (tout un programme !). Il n’y a pas lieu de s’en réjouir car la raison de ce choix est purement sécuritaire : dans le monde d’aujourd’hui, l’immobilier serait devenu le meilleur moyen de… conserver ses économies. Bonjour la confiance dans les placements financiers, la dette ou l’entreprise !
Faut-il s’en étonner ? Non. L’attrait de la pierre, du fait de sa rareté, n’a fait que se renforcer. Au-delà du rationnel dans le résidentiel. Trente années de malthusianisme étatique ont tellement bridé la construction de logements qu’elles en ont fait une denrée convoitée comme une pierre précieuse. Elle est loin l’époque où certains voyaient le logement devenir un bien de consommation courante, abondant, interchangeable et facilement accessible.
Au lieu de ça, on se désespère de voir un jour la situation s’améliorer. Durement touchée en 2008 par la crise des subprimes, à laquelle elle était pourtant étrangère, la construction résidentielle est entrée en convalescence à partir de 2011 pour rechuter ensuite, empoisonnée par une médication inepte. Et ce n’est pas fini. Proche de l’agonie, le malade se voit administrer tantôt une perfusion, tantôt une saignée, au gré des prescriptions de Diafoirus penchés à son chevet.
Le plan de relance estival n’est pas encore scellé que la loi de finances hivernale vient lui couper l’herbe sous le pied. Le dispositif Pinel d’incitation à l’investissement locatif aura toutes les peines à sortir intact des débats parlementaires. La hausse des droits de mutation sur les ventes dans l’ancien, de temporaire, est devenue définitive tandis que les bretteurs de la fiscalité sortent leur botte de Nevers – ou plutôt leur coup de Jarnac – à l’assaut des résidences secondaires…
Pendant ce temps, le foncier de l’Etat est resté démobilisé. Des centaines de terrains publics promis pour nourrir la production de logements, huit seulement ont été lâchés. Alors, contrairement à toutes les attentes, le foncier a poursuivi sa flambée, ces deux dernières années, compromettant encore un peu plus le redressement du secteur de la construction. C’est à croire qu’en lieu et place d’une politique foncière, c’est la tactique de la terre brûlée qui lui est administrée.
Christian Micheaud
Editorialiste pierrepapier.fr