Les SCPI achètent moins. Et cèdent plus. Elles vendent plus à Paris et achètent plus hors de France. En termes régionaux, la zone Europe du Sud s’impose face aux pays du Nord. Datas.
Moins de collecte, moins d’investissements… et plus de désinvestissements. Les SCPI, dont la collecte nette ne s’est pas redressée en 2024, pèsent de moins en moins significativement sur les marchés immobiliers. En 2022, elles avaient investi 10,7 Md€, selon les données de l’IEIF[1]. A peine plus de la moitié (5,5 Md€) en 2023. Et tout juste 2,5 Md€ sur les neuf premiers mois de 2024. Soit, peu ou prou, l’équivalent de leur collecte nette…
Baisse significative de la part relative des SCPI sur les marchés de l’investissement
Tout laisse donc penser qu’elles feront encore moins bien cette année que lors de l’exercice précédent. Et ce d’autant plus que le rythme de leurs investissements s’est encore tassé au 3e trimestre. Les SCPI n’ont en effet investi, sur cette période, que 699 M€. Parallèlement, le volume de leurs cessions s’est accéléré. Au 3T, elles ont pratiquement autant vendu (620 M€) qu’acheté. Un niveau record, souligne l’IEIF dans son tableau de bord trimestriel[2], chiffrant le montant global des cessions réalisées par les SCPI depuis le début de l’année à 1,27 Md€… L’une des conséquences de ce faible niveau d’activité est la baisse drastique de la part relative des SCPI sur les marchés immobiliers français. Cette part relative dépassait les 20% depuis 2022. Sur les 9 premiers mois de 2024, elle frôle tout juste les 12%…
Les SCPI vendent à Paris et achètent à l’étranger
Un ratio qui témoigne également de la réorientation, qui semble désormais structurelle, de la destination géographique de leurs investissements. Année après année, la part du marché français se réduit au profit des autres marchés européens. Alors que ces derniers représentaient moins de 20% des acquisitions des SCPI en 2016, leur part relative n’a depuis lors cessé de croître. En 2023, elle atteignait les 45%. Et est devenue majoritaire en 2024, dépassant pour la première fois le seuil des 50% (51,2% sur les neuf premiers mois de l’année, selon les données IEIF). Ce qui est d’autant plus frappant, c’est que, à l’inverse, les cessions réalisées par les SCPI concernent essentiellement des actifs français. Plus de 90% de leurs désinvestissements sont localisés en France, notamment à Paris. Alors que la capitale ne concerne que moins de 3% des acquisitions…
Les SCPI vendent plus de bureaux qu’elles n’en achètent
Les cessions d’actifs opérées au 3T 2024 ont d’ailleurs été essentiellement réalisées dans les bureaux (64% des cessions). Elles sont, souligne l’IEIF, « la conséquence directe de la demande de remboursements des parts » des SCPI en passe à des problèmes de liquidité. Ce ratio sectoriel se décline, peu ou prou, à l’ensemble des opérations menées par les SCPI, en France et en Europe, sur l’ensemble des neuf premiers mois de l’année. Même si la part relative des bureaux reste la plus importante, en termes d’acquisitions, la classe d’actifs devient aussi, et de loin, la plus vendue. Côté acquisitions, on notera la remontée du poids des actifs commerciaux, qui avait tendance à s’effriter ces dernières années. Et la situation plus inédite du segment logistique, au sens large.
Les SCPI achètent au sud, et vendent au nord…
Ce dernier, après une montée en puissance progressive en termes d’acquisitions – la logistique est d’ailleurs la première classe d’actifs en volume investis, en France, en 2024 -, est aussi devenu le secteur le plus vendu par les SCPI en 2024… En termes géographiques, les opérations internationales des SCPI connaissent également une évolution significative. Ce n’est plus l’Allemagne qui attire la majorité de leurs investissements. Sa part relative est passée de 24% en 2023 à 12,6% sur les 9M 2024. Elle concentre en outre une grande partie de leurs cessions (37,4%), juste derrière le Royaume-Uni. L’Europe du Sud confirme en revanche son attractivité. La zone Espagne-Portugal-Italie concentre en effet près de 35% des acquisitions. Et ne déplore aucune cession…
Lire aussi
- Investissements en immobilier d’entreprise: un « sursaut » au 3T 2024
- SCPI, OPCI, UC immobilières : la collecte nette de nouveau positive au 3T 2024
- Ces SCPI qui sont à 100% investies hors de France…
- SCPI : combien, où, et dans quoi ont-elles investi en 2023 ?
- SCPI, OPCI, UC immobilières : forte décollecte au 4T 2023
- Fonds immobiliers : où et dans quoi ont-ils investi en 2022 ?
A propos de l’IEIF(i)
Créé en 1986, l’IEIF est un centre d’études, de recherche et de prospective indépendant spécialisé en immobilier. Son objectif est de soutenir les acteurs de l’immobilier et de l’investissement dans leur activité et leur réflexion stratégique, en leur proposant des études, notes d’analyses, synthèses et clubs de réflexion. L’approche de l’IEIF intègre l’immobilier à la fois dans l’économie et dans l’allocation d’actifs. Elle est transversale, l’IEIF suivant à la fois les marchés (immobilier d’entreprise, logement), les fonds immobiliers (cotés : SIIC, REIT ; non cotés : SCPI, OPCI, FIA) et le financement.
(i) Information extraite d’un document officiel de la société.
[1] « Analyse de l’année 2023 des SCPI : Annus Horribilis » – IEIF – Mars 2024.
[2] « Le tableau de bord trimestriel de l’immobilier en France » – 3T 2024 – IEIF.