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Vous en connaissez beaucoup, vous, des placements qui se portent comme un charme après trois tentatives d’assassinat ? Eh bien moi, j’en connais un : les SCPI. Elles viennent de réussir une année 2010 extraordinaire, en collecte comme en performance, ce qui en fait le placement le plus sûr et le plus rentable du moment. Cette réussite, elles le doivent à elles seules car elles n’ont pas grands remerciements à adresser à la providence étatique, bien au contraire.
– Nées dans la rue pendant les sixties, elles sont mises au pas dans une loi de 1970 qui les enferme littéralement dans un carcan réglementaire. Avec l’objectif à peine voilé de les étouffer. Elles s’en sont accommodées…
– Prises dans la tourmente immobilière du début des années 1990, elles sont corrigées par une réforme de 1993 qui verrouille leur marché secondaire. Avec le risque, conscient ou non, de les noyer dans leur illiquidité. Elles n’ont dû leur survie qu’en développant un marché de gré à gré, aussi pragmatique que salutaire…
– Jugées obsolètes au début des années 2000, elles sont condamnées à disparaître par la loi de 2005 créant les OPCI, savante alchimie de la finance et de la pierre. Elles furent sauvées in extremis par la rébellion des porteurs de parts, tout acquis à leur cause.
Aujourd’hui, elles triomphent. Pas toutes de la même façon, sans doute. C’est même bon de voir que les mieux récompensées sont aussi les plus régulières, celles qui achètent constamment, prudemment et opportunément. Alors, pourquoi un tel succès ? Si l’épargnant n’a jamais abandonné les SCPI (malgré quelques passages difficiles) et les courtise aujourd’hui avec une ferveur nouvelle, c’est parce qu’il aime toujours autant l’immobilier. Mais il se sent de moins en moins capable de l’affronter seul et s’en remet plus volontiers, désormais, à la gestion collective.
Ce beaux succès salue le travail des équipes de gestion. Il leur crée aussi de nouvelles obligations. Elles vont devoir se montrer très avisées dans l’investissement des capitaux collectés si elles veulent maintenir la performance à un niveau élevé et conquérir de nouveaux épargnants. Mais ce n’est pas leur seule mission. C’est aussi l’occasion rêvée, pour elles, de « monter au créneau » ! Il est temps de faire reconnaître les mérites des SCPI par les pouvoirs publics et que ceux-ci procèdent au toilettage législatif dont elles ont besoin. Pour les moderniser sans les dénaturer.
Christian Micheaud