On ne saurait résumer la Bourse à un système de vases communicants où la perte des uns nourrirait le gain des autres. C’est pourtant ce que font bon nombre d’épargnants après avoir essuyé une déconvenue, toujours la même. Ils prennent le train boursier en marche quand il approche des sommets et, pris de panique, en sautent quand il s’emballe dans la descente. En jurant qu’on ne les y reprendra plus ! Ces « victimes de la Bourse » sont, en réalité, victimes d’un contretemps, de leur propre erreur de timing. Il en va de même avec l’immobilier. La bulle a fini par éclater – il y avait donc une bulle ? – et, depuis, le discours ambiant a radicalement changé : l’immobilier, encensé pendant huit ans, ne serait désormais plus fréquentable. Erreur de timing, encore une fois. C’est maintenant, au contraire, qu’il faut s’intéresser à l’immobilier. Mais pas n’importe lequel. La bulle qui vient d’éclater est exclusivement résidentielle. Elle ne concerne que le logement. Les bureaux, les murs commerciaux forment un autre marché, très différent. Les premières corrections y sont intervenues il y a déjà plus d’un an, au cours de l’été 2007. Aujourd’hui, les fonds immobiliers cotés (SIIC) ou non cotés (SCPI) méritent qu’on s’y intéresse de près (voir « Décryptage »). Quant aux contretemps, reconnaissons qu’ils ne sont pas l’exclusivité du petit épargnant. De grands investisseurs en commettent aussi. Le dernier exemple en date est celui des banques qui ont récemment racheté, au plus haut de leur valeur, des sociétés de promotion et de transaction immobilière. Depuis, ces sociétés ont sévèrement décoté. Il ne manquerait plus que ces mêmes banques ferment à présent le robinet du crédit pour que leurs filiales immobilières plongent encore un peu plus. Ce serait un deuxième contretemps.
Christian Micheaud