Les salariés vont avoir la faculté de travailler jusqu’à 70 ans. Toute mise à la retraite d’office sera donc interdite avant cet âge, qui était de 65 ans jusqu’à présent. Cette réforme, instaurée dans le cadre de la loi de financement de la Sécurité Sociale actuellement en fin de discussion, doit entrer en vigueur le 1er janvier 2009. Elle ne remet en cause ni l’âge légal de départ à la retraite, qui reste fixé à 60 ans dans les régimes de base, ni le droit à une retraite à taux plein à 65 ans pour les salariés ne disposant pas de la totalité des trimestres de cotisation requis. Alors, pourquoi instaurer une mesure aussi impopulaire ? Pour permettre aux régimes de retraite de gérer la diminution du nombre des actifs et l’accroissement simultané du nombre des retraités. Face à cette réalité démographique, les caisses de retraite n’ont que trois solutions. La première, augmenter les cotisations vieillesse, est inopportune : elle renchérit le coût du travail et pénalise le pouvoir d’achat. La deuxième, basculer une partie des cotisations chômage sur la retraite, un temps envisagé, n’est plus à l’ordre du jour à cause de la dégradation de l’emploi. Il ne reste plus que la troisième, qui consiste à retarder l’âge de départ en retraite. Les régimes y gagnent sur les deux tableaux : davantage de recettes, les salariés cotisant plus longtemps, et moins de dépenses, puisqu’ils perçoivent leur pension plus tardivement.
Bien sûr, promis juré, la retraite à 70 ans n’est qu’une faculté, non une obligation. Mais les salariés auront-ils le choix, s’ils doivent travailler plus longtemps pour percevoir une pension dont le « taux plein » n’est pas trop éloigné de leur dernier salaire ? Il n’est pas besoin d’être devin pour voir se dessiner, demain, deux catégories de sexagénaires : les prévoyant et les autres. Les prévoyants auront épargné pour leur retraite, ils pourront cesser de travailler plus tôt et vivre sans se priver. Les autres devront trimer jusqu’au bout et, mécontent, ne manqueront pas de reprocher à l’Etat son imprévoyance. Non sans raison. Car, jusqu’à présent, il n’a pas été fait grand-chose pour encourager l’épargne retraite. Que d’espoirs déçus et de promesses non tenues, entre des produits mal ficelés et des prélèvements galopants ! La dernière déception en date est celle des OPCI. Conçus comme un grand placement immobilier d’épargne longue en vue de la retraite, il accumule les faux départs dans sa version dédiée au grand public. L’idée d’un fonds immobilier peu risqué est, pourtant, judicieuse et bien adaptée à la constitution d’un capital retraite générateur de revenus élevés. Sur ce point, les SCPI ont fait leurs preuves, mais elles manquent d’envergure pour répondre à l’immensité du besoin. Désormais, l’Etat ne peut plus éluder le problème. Repousser à 70 ans l’âge de la retraite sans développer, en parallèle, une vraie politique d’encouragement à l’épargne retraite relève de la provocation.
Christian Micheaud