C’est l’histoire d’un cargo qui, à l’annonce d’une dégradation des conditions météorologiques, prit quand même la mer pour économiser le coût de quelques jours d’amarrage dans un port breton. Il arriva ce qui devait arriver : emporté par la tempête, le navire s’échoua sur une plage toute proche. Il faut désormais réparer les dégâts, par la dépollution du site et la déconstruction du bâtiment…
C’est l’histoire d’un paquebot qui, à l’annonce d’un redressement des finances publiques, est soudain privé d’une partie de son carburant et contraint de payer des droits d’octroi exceptionnels. La suite est prévisible : le navire va s’échouer, laissant une partie de l’équipage sur le carreau. Il faudra alors réparer les dégâts, par des mesures de relance dans la construction et le bâtiment.
Car ce paquebot, c’est l’Immobilier, fleuron de notre économie nationale dont il est un des principaux créateurs de richesse. On aurait voulu le mettre en cale sèche qu’on ne s’y serait pas pris autrement : taxation drastique des plus-values des particuliers et des SCPI, suppression des aides à l’investissement locatif (Scellier), compression des aides à l’accession (PTZ+), pénalisation des SIIC …
Tout ça d’un coup, alors même que l’accès au crédit se durcit. Inévitablement, les marchés vont s’encalminer. Dans le résidentiel, les files de candidats locataires vont encore s’allonger. Dans l’immobilier d’entreprise, la tâche va encore se compliquer pour les fonds, cotés (SIIC) ou non cotés (SCPI), qui vont se trouver affaiblis face à la concurrence des investisseurs étrangers.
A-t-on déjà oublié que le régime SIIC a été créé en 2002 pour permettre aux foncières françaises de se repositionner sur un marché immobilier national devenu la proie des fonds anglo-saxons étrangers ? A-t-on déjà oublié que les titres de SIIC devaient aussi servir de supports à l’épargne retraite ? Sans doute, puisque l’on exclut les SIIC des PEA et que l’on prive leurs dividendes de l’abattement fiscal de 40 %.
Il n’y a pas plus mauvaise politique immobilière que celle qui navigue à vue, pensait-on jusqu’alors. Eh bien si, il a pire : celle qui navigue à l’aveugle.
Christian Micheaud