Que dire à nos jeunes ? Société, géopolitique, économie, santé, environnement : l’actualité s’acharne jour après jour à nous présenter un avenir inquiétant. Ce n’est pas tant une question de travail ou d’emploi pour les nouvelles générations. La véritable question est de savoir si l’on peut encore avoir un peu d’optimisme pour leur propre vie dans le monde tel qu’il sera.
Bonjour,
J’espère que vous allez bien ! Quoique… ce ne sont pas les bonnes nouvelles qui affluent en ce moment. Au contraire.
Nous avons eu les problèmes sanitaires, les confinements et tout le reste, et nous mettions beaucoup d’espoir dans le monde d’après. Eh bien le monde d’après, il semble vouloir être pire que le monde d’avant !
Difficultés économiques, problèmes énergétiques, inflation, taux d’intérêt, et même des poches de pauvreté y compris dans notre propre pays. Problèmes politiques aussi, et géopolitiques, avec de nouveau le spectre des guerres. Problèmes d’éducation, d’enseignement. Et pour couronner le tout, environnement oblige, l’avenir de l’humanité serait compromis à horizon de quelques décennies. Et chaque jour nous amène son lot de nouvelles controverses ou de nouvelles catastrophes.
Avec tout cela, comment peut-on rester positif, garder le moral, et que dire à nos enfants, à nos jeunes dont la vie commence tout juste ?
Érasme n’avait aucune idée de l’avenir
Eh bien, je vous propose de regarder les choses sous un angle différent. Imaginons un personnage qui serait mort en 1536… et qui reviendrait soudain ces jours-ci.
Juste avant sa mort, quel spectacle avait-il sous les yeux ? Des guerres horribles. De la misère et des famines pour la plus grande partie du peuple. Une violence officielle, avec des rudiments de justice qui feraient pâlir aujourd’hui, tout château-fort disposant de salles de torture. Et des guerres de religion, aussi insensées que d’une cruauté inouïe. Notre personnage, qui avait écrit, dans sa jeunesse, pour tenter d’introduire un peu plus d’ouverture d’esprit, d’humanisme, de tolérance, est mort désespéré devant tous les spectacles d’une société vraiment mal en point.
Et le voici, arrivé chez nous ! Il se précipite sur internet pour voir ce que nous disons, avec le recul, de la période douloureuse qu’il a connue. Et que découvre-t-il ? Que nous parlons de la Renaissance, plus exactement pour lui de la fin de la Renaissance et de l’aube des Temps modernes…
Car ce personnage, c’est Érasme. Contemporain de Rabelais et ami de Paracelse. Après eux, il y a eu le XVIIème siècle, encore douloureux mais prometteur, puis le siècle des Lumières, puis la révolution industrielle et progressivement une amélioration fantastique des conditions de vie pour la grande majorité de la population de nombreux pays.
Le Vieux monde a connu une nouvelle jeunesse
Vous voyez où je veux en venir ? Le spectacle que nous avons sous les yeux est à certains égards totalement anxiogène. Mais si nous étions, de nouveau, à une période de basculement de l’histoire ?
Le Vieux monde a été ébranlé par l’invention de l’imprimerie et la redécouverte des auteurs de l’Antiquité, et aussi par ce qu’on a appelé les grandes découvertes, autrement dit les voyages et explorations bien au-delà de l’Europe. C’est ainsi que ce Vieux monde a quitté le Moyen-Âge pour entrer dans la Renaissance.
Or que vient-il de se passer ? Des transformations d’un ordre de grandeur encore plus important. En près d’un siècle l’humanité est passée de deux à huit milliards d’êtres humains sur la Terre ! Aller d’un bout à l’autre de la planète est devenu un jeu d’enfant. Les communications se sont établies, partout et à chaque instant. Le digital a révolutionné les usages. Et l’on pourrait établir une liste très longue de toutes les « premières fois » dans l’histoire de l’humanité : des médicaments contre la douleur, des logements dotés d’un confort unique dans l’histoire, l’allongement de la vie dans de bonnes conditions de santé, des systèmes monétaires envahissant le quotidien comme jamais auparavant, , etc. etc.
Tout cela est d’un ordre de grandeur bien plus violent que ce qui s’est passé au moment de la Renaissance. De nouveau, nous basculons dans une période intermédiaire. Un moment où plus personne ne sait quelles sont les valeurs, entre celles que nous avons perdues et celles sur lesquelles il n’y a pas encore d’accord général. Une période où l’avenir est caché par un épais brouillard.
Le choc d’un avenir incertain
Alors oui, le spectacle que nous avons sous les yeux peut paraître anxiogène. Mais savez-vous ce qu’ont fait les Érasme, les Paracelse, les Rabelais au moment où il y avait toutes les raisons de désespérer ? Ils ont introduit l’humanisme, la foi en la personne humaine. Une confiance insensée et souvent trahie, mais qui finalement a donné une civilisation bien meilleure que celle qui précédait.
Si l’on voulait aujourd’hui s’inspirer de ces brillants précurseurs, on changerait de pied. On cesserait de considérer que l’humanité est le problème, et on déclarerait au contraire qu’elle est la solution. Et on lui ferait confiance.
La nouvelle jeunesse du monde
Toujours est-il qu’il y a une logique dans la période actuelle, si l’on se réfère à la dernière grande Renaissance. Ce n’est pas un monde qui meurt, c’est un monde en train de naître. Pas simple. Pas facile. Mais ce que cela veut dire, c’est qu’il n’est pas du tout impossible que nos enfants, eux, connaissent finalement des jours bien meilleurs.
Voilà, je vous l’avais dit, l’actualité, aussi trouble soit-elle, vue sous un angle différent. J’espère que cette façon de regarder vous a intéressé, ou au moins interpellé.
Et je vous souhaite une très, très belle journée.
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