Bonjour,
Aujourd’hui nous allons parler des taux d’intérêt.
Vous savez, il y a un moyen assuré d’avoir l’air de dire des choses bizarres. Il suffit de parler à contretemps. C’est une spécialité que j’ai cultivée. Je me souviens par exemple il y a exactement trois ans, donc début 2015, quand on avait eu, enfin, en plus des taux d’intérêt faibles, un euro faible et un pétrole peu cher. A ce moment-là j’avais expliqué devant près de 200 personnes que cela ne pouvait que relancer la croissance. Mais voilà, il y a trois ans l’ambiance était au pessimisme, donc l’attention n’arrivait pas à décrocher des difficultés et des risques. Contretemps, même si depuis la croissance s’est bien confirmée.
Eh bien aujourd’hui, c’est un contretemps que je vous propose. Il est en effet admis que la hausse des taux est une menace. Et si c’était le contraire ?
Bien sûr, si les taux remontent, la Bourse ne va pas aimer. Logique.
L’immobilier ? C’est sûr, l’écart entre les rendements des immeubles et les taux d’emprunts va se réduire, il sera moins rentable de s’endetter, cela va ralentir les investissements qui ne se font pas en fonds propres, ce n’est jamais bon pour le marché.
L’assurance-vie aussi, dans laquelle il y a beaucoup d’obligations, préfèrerait que les taux ne montent pas.
Bref, Bourse, immobilier, assurance-vie, tout le monde aimerait que les taux restent bas, donc, la hausse est une mauvaise nouvelle. Et si ce n’était pas juste ? Si c’était, certes un peu désagréable sur le moment, mais souhaitable dans la durée ?
Eh bien, il se trouve que cette fois-ci, la hausse des taux provient de la croissance, donc de la perspective d’une remontée progressive de l’inflation. On disait il y a encore peu de temps que la nouvelle croissance ne crée pas d’emplois. Bon, en fait, on le sait maintenant, elle ne l’a pas fait au début, mais elle a fini par en créer. Déjà aux États-Unis et dans quelques pays européens. Pas encore vraiment en France, mais cela commence à venir.
Autre affirmation encore récente : d’accord, finalement la croissance donne des emplois, mais les salaires ne bougent pas. Encore raté. Aux États-Unis, maintenant, on ne peut plus ne pas voir les augmentations de salaires dans les statistiques. L’Allemagne aussi a commencé à bouger sérieusement.
Donc cette hausse des taux qui est en train de s’amorcer ne provient pas d’un mécanisme financier, mais de l’économie. Cette hausse-là, elle accompagne l’amélioration des conditions économiques. A long terme, c’est bon pour tout le monde, y compris pour l’immobilier. Parce que cela conforte les loyers, et même, pourquoi pas, une progression des loyers, ce que l’on n’avait pas vraiment vu depuis bien longtemps par exemple dans les bureaux.
Mais voilà, il ne faudrait pas que les taux montent trop vite ! A ce sujet, j’aimerais reprendre une citation du grand médecin de la Renaissance, Théophraste Auréolus Bombast von Hohenheim, plus couramment appelé Paracelse. On lui attribue souvent la phrase « Tout est poison, rien n’est poison, c’est la dose qui fait le poison ». En réalité, c’est autre chose qu’il a dit. Dans la citation exacte, on trouve « Tout est poison, rien n’est exempt de poison, c’est la dose qui fait que quelque chose n’est pas un poison ».
Cela s’applique aux taux d’intérêt. A petite dose, c’est à dire, lentement, progressivement, la hausse des taux n’est pas du tout, du tout, une mauvaise nouvelle. Dire cela, c’est soit dire une bêtise, soit tout simplement dire une chose exacte, mais la dire trop tôt, c’est à dire à un moment où l’on n’a pas vraiment envie de l’entendre.
Tant pis, je vous l’ai dit !
Je vous souhaite une excellente journée.