« L’immobilier français garde la cadence. Le marché de l’investissement reste très bien orienté, peut-être trop au regard de certaines transactions et d’un marché locatif très polarisé », constate Béatrice Guedj, Directrice de la Recherche de l’IEIF, dans sa dernière chronique du tableau de bord trimestriel de l’immobilier en France.
Au T4 2017, la croissance française progresse de + 0,6 %, soit une légère accélération par rapport au trimestre précédent. L’exercice clôture en hausse de 1,9 %, contre 1,1 % en 2016.
Croissance tonique et indicateurs soutenus – Cette croissance annuelle est la meilleure performance depuis 2011, soutenue par une demande externe favorable et de meilleurs fondamentaux sur le marché domestique. Les récentes turbulences boursières indiquent clairement que la volatilité est de retour pour ajuster un scénario de croissance mondiale en apparence immuable. En 2017, la France se maintient donc dans le trio leader de la zone euro, derrière l’Allemagne (+ 2,2 %) et l’Espagne (+ 3,1 %). Sur cette fin d’année, la hausse de la croissance française est restée portée par une contribution positive de la demande domestique au PIB (+ 0,5 point) dont l’investissement qui s’accélère, la consommation des ménages et la variation des stocks. La bonne nouvelle vient du commerce extérieur dont la contribution est positive (+ 0,6 point) via la conjonction d’un ralentissement des importations et d’un rebond des exportations (+ 0,6 %). Sur l’ensemble de l’année 2017, les exportations progressent certes de 3,5 %, bien mieux qu’en 2016, mais à un rythme toujours inférieur à celui des importations (+ 4,3 %).
Rebond de la production – En 2017, la production rebondit à 2,3 % tirée par l’industrie manufacturière (+ 2 %) et le secteur de la construction (+ 2,4 %). La lecture des composantes illustre les points d’inflexion et permet de comprendre le cheminement de la croissance à venir. Le fléchissement de la consommation des ménages à 1,3 % contre 2,1 % en 2016 suggère un comportement plus « fourmi que cigale » en vertu d’un principe d’arbitrage classique : les ménages ont fortement investi en logement en 2017, + 5,1 %, du jamais vu depuis plus d’une dizaine d’années. D’ailleurs les dernières données de la Banque de France sur la production de nouveaux crédits immobiliers aux particuliers pointent un record historique de 272 Mds€ avec un encours de + 6 %. En 2017, la consommation de biens manufacturés ralentit à 1,7 % contre 2,4 % en 2016 au profit des services qui s’élèvent à 1,8 % contre 1,6 % en 2016.
Hausse de l’investissement productif – Bonne nouvelle, la hausse de l’investissement productif à 3,7 % contraste avec le rythme annuel de 1,1 % observé depuis 2010. Elle témoigne d’un redressement des marges et d’un soutien à la productivité globale des facteurs à moyen terme. Par secteur, l’investissement en biens d’équipement et services numériques continue de progresser dans l’ensemble des branches marchandes. L’innovation reste essentielle pour booster la productivité du travail et du capital des entreprises et, à terme, les parts de marché : les chefs d’entreprise anticipent d’ailleurs une hausse de leur investissement en 2018. La croissance française pourrait s’accélérer en 2018, à moins que les récentes secousses sur les marchés boursiers soient synonymes de fébrilité par un « effet domino ».
Zone euro, une marche constructive – Au T4 2017, la croissance en zone euro est de 0,6 %, soit + 2,7 % sur un an. En 2017, le PIB progresse de 2,5 %, hausse supérieure aux prévisions du consensus et la plus forte depuis dix ans, avec une meilleure convergence intra-zone. Ce raffermissement de la croissance européenne permet au taux de chômage de reculer à 8,7 % contre 9,7 % en 2016 : du jamais vu depuis janvier 2009 ! Autre signe positif, la part des profits des entreprises reste orientée à la hausse et culmine à 41,4 %, niveau jamais atteint depuis 2008. Les rémunérations sont également sur une pente ascendante à 1 % par an. Sur le marché résidentiel en zone euro, les prix poursuivent leur hausse en ligne avec une augmentation du pouvoir d’achat et des conditions de crédit favorables. Quant à l’indice PMI, indicateur avancé du PIB, il continue de flirter avec son point haut historique même si son rythme de croissance s’est essoufflé. Les chefs d’entreprise restent confiants mais s’attendent à un ralentissement possible dans les prochains trimestres. Il faut y percevoir un soulagement car les taux d’utilisation des capacités de production sont déjà à des niveaux élevés.
L’immobilier français garde la cadence – Les indicateurs avancés liés au climat conjoncturel restent favorables malgré un léger effritement de l’indice du climat des affaires. Ce sont les secteurs du bâtiment et des services qui expliquent cette érosion tandis que celui de l’industrie manufacturière progresse. La croissance de l’emploi salarié ralentit, mais reste à un bon rythme dans le tertiaire marchand, une bonne nouvelle pour la demande placée à venir, notamment à Paris, qui concentre l’essentiel des créations d’emplois. Les créations d’entreprises sont en hausse et les défaillances au plus bas. Le marché de l’investissement reste très bien orienté, peut-être trop au regard de certaines transactions et d’un marché locatif très polarisé.
A propos de l’IEIF
Créé en 1986, l’Institut de l’Epargne Immobilière et Foncière est un organisme d’étude et de recherche indépendant qui met à disposition des décideurs immobiliers des outils de veille, d’analyse et de prévision. Il a pour vocation d’être un incubateur d’idées pour la profession et un cercle de réflexion des professionnels de l’immobilier et de la finance. L’IEIF s’articule autour de quatre pôles d’activité : les marchés immobiliers (Tertiaire et Logement) ; les fonds immobiliers non cotés (SCPI-OPCI) ; les fonds immobiliers cotés (SIIC-REITs) ; le Club Analyse et Prévision.