Dans notre précédente newsletter, nous indiquions que l’été risquait de ne pas être fameux. Nous étions encore en dessous de la réalité, qu’il s’agisse de la météorologie au sens propre du terme ou de la météo financière. Avec le retour de la crise grecque au premier plan de l’actualité, l’indice CAC 40 est revenu à son plus bas niveau de l’année tandis que l’or repartait de l’avant, avec un cours de l’once qui battait de nouveaux records à plus de 1.600 $.
Le sommet européen de ce 21 juillet permettra-t-il de mettre un terme à cette agitation sur les marchés financiers ? Cet espoir a déjà permis un redressement des cours des valeurs bancaires les 19 et 20 juillet. Toute la question est de savoir si les investisseurs jugeront les progrès accomplis suffisamment prometteurs pour arrêter de pousser les marchés à la baisse et de faire pression sur les gouvernements. Le retour au calme attendu risque d’être provisoire : l’inquiétude sur les finances publiques de beaucoup d’Etats européens est trop forte pour se dissiper définitivement en quelques heures ou quelques jours. Et, au-delà du problème grec, la question est de savoir comment sera gérée l’Europe demain pour éviter que de tels événements se reproduisent.
Que faut-il en retenir pour ses placements ?
Dans ces périodes aussi incertaines, on peut être tenté d’acheter de l’or. Mais c’est un pari. L’or est un placement particulièrement instable : comme nous sommes en crise, il est au plus haut. Il peut encore monter, mais, en cas de détente sur les marchés, il peut aussi franchement reculer et rester durablement faible. L’acheter au plus haut, c’est anticiper de nouvelles difficultés. Cela peut être un bon choix, ce peut aussi être une erreur. On ne le sait qu’après. En tout cas, c’est très clairement aujourd’hui un placement à risque.
Quant aux actions, il est certain qu’elles ne sont pas chères et que, aux niveaux actuels, les risques sont minimes. Les perspectives de gains sont-elles pour autant attrayantes ? Un retour à plus de sérénité dans le monde financier peut assez rapidement ramener le CAC 40 dans la zone des 4.000 points, niveau qu’il avait déjà retrouvé au début de 2010. Mais il est moins sûr qu’il puisse remonter assez vite vers les 4.500 points, comme c’était le cas au début de septembre 2009, avant la faillite de Lehman Brothers.
Car si des nouvelles rassurantes viennent du front de la dette publique, il est à craindre que les inquiétudes ne se reportent sur la croissance. Si les Etats mènent tous au même moment des politiques restrictives en comprimant les dépenses et en relevant plus ou moins franchement les impôts (en France, par exemple, on ne parle pas d’augmentation des impôts, mais on taille dans les « niches » fiscales), la conjoncture économique sera certainement moins soutenue. Que l’on envisage une croissance de 2 % ou 2,1 % sur l’année après une progression de 0,9 % pour le seul premier trimestre est révélateur : le reste de l’année ne sera pas à la hauteur des premiers mois. Et, tandis que les pays industrialisés luttent pour rétablir leurs finances publiques, les grands pays émergents tentent de calmer l’inflation, ce qui a aussi un impact sur la croissance : au Brésil comme en Chine, la tendance est plutôt au ralentissement, même si celui-ci est encore très modéré. Ainsi, la Chine a agréablement surpris avec une croissance de 9,5 % au deuxième trimestre (en rythme annuel), mais ce chiffre vient après 9,8 % au quatrième trimestre 2010 et 9,7 % au premier trimestre 2011 : la pente est douce, mais la direction prise ne semble pas faire de doute.
Ainsi, le contexte international des affaires devrait progressivement être moins favorable. C’est certainement une bonne chose : quand la croissance se fait grâce à un endettement excessif ou qu’elle provoque des hausses de prix, il faut ralentir un peu. Mais, sur les marchés, les ralentissements ne sont pas toujours bien accueillis.
Foncières et SCPI….
Les foncières peuvent-elles tirer leur épingle du jeu ? Au cours des premiers mois de l’année, elles ont fait nettement mieux que le marché dans son ensemble, mais les dernières semaines leur ont été moins favorables. Là, tout dépend de la façon dont on gère son portefeuille. Les investisseurs les plus actifs pourront être tentés de s’alléger sur les foncières qui ont effectué les plus beaux parcours durant les derniers mois et de se reporter sur celles qui ont encore du potentiel ; les autres miseront sur le long terme, soit en restant sur les foncières qu’ils connaissent bien, soit en confiant aux gérants d’OPCVM le soin de faire les bons choix ou en se plaçant sur des trackers répliquant les indices tels que l’Euronext IEIF REIT Europe.
Sinon, dans ce contexte troublé, les épargnants pourront être tentés de trouver refuge dans les SCPI. C’est d’ailleurs ce qu’ils font déjà, si l’on en juge par les informations en provenance des sociétés de gestion. Les SCPI Scellier, notamment, continuent d’avoir le vent en poupe, malgré une réduction des avantages fiscaux qui leur sont liés : les débats budgétaires laissent penser que les possibilités de profiter d’avantages fiscaux seront encore plus limitées dans les années à venir. Autant profiter de ceux qui existent encore !
… sans oublier le livret A
Enfin rappelons que pour la partie la plus liquide de son épargne, celle pour laquelle on ne veut prendre absolument aucun risque, la hausse des prix de l’énergie et des produits alimentaires a au moins une conséquence : la rémunération du livret A sera portée de 2 % à 2,25 % à compter du 1er août. Ce n’est pas le Pérou, mais, avec une hausse des prix de 2,1 % l’an, on est tout de même légèrement gagnant. Récemment un financier nous disait en plaisantant qu’au rythme où vont les choses, le livret A allait être le vrai concurrent de la Bourse ; il n’avait pas tort. Et, entre nous, ce n’est pas bon signe : il n’est jamais bon que l’épargne liquide et sans risque rapporte autant, voire plus, que les placements risqués.
Rendez-vous après le 15 août pour des nouvelles peut-être plus réjouissantes.
Gérard Horny