Dimanche 5 juillet, l’émission « Osez investir » sur Sud Radio revenait sur les principaux constats et enseignements, côté épargne et, surtout, immobilier, de la période de confinement. Avec trois spécialistes pour répondre aux questions de Thomas Binet[1] : Bernard Cadeau, Stéphane Desquartier et Guy Marty. Extraits.
Quels principaux enseignements peut-on tirer, en matière d’épargne et de comportement de ceux qui la gèrent, de la période de confinement ? Bernard Cadeau, ancien président du réseau Orpi France, en distingue au moins cinq. D’abord, la « sidération », conséquence de cet arrêt brutal du marché. Ensuite, la capacité d’adaptation, tant des professionnels que des particuliers. Grâce, bien sûr, à la généralisation de la pratique du digital. « Le 4e point, c’est le constat que l’envie et le besoin en logements sont toujours aussi forts », précise Bernard Cadeau.
Un besoin en logements toujours aussi fort
Une tendance qui va de pair avec le 5e point : l’immobilier s’affirme plus que jamais comme une valeur refuge. La crise a toutefois signifié un coup d’arrêt pour le marché. 2019 était l’année de tous les records. Et 2020 promettait de faire mieux encore. Mais le confinement a gelé 100 000 transactions. Depuis le 11 mai, un phénomène de rattrapage est à l’œuvre. Mais suffira-t-il à compenser ce décalage temporel ? Sur le logement neuf, c’est clairement impossible. Ce sont aussi 100 000 logements de moins qui seront construits en 2020. Stéphane Desquartier, fondateur de La Maison de l’Investisseur, rappelle l’impact que ce déficit aura en termes d’emplois perdus. Concernant le phénomène du rattrapage, il est plus circonspect. « Le besoin est revenu. Mais l’intention n’est pas totalement repartie », considère-t-il.
Moins d’intentions fortes qu’avant la crise
Un point que confirme en partie Guy Marty, pour le segment des SCPI. « La SCPI n’est pas sur le registre des besoins, mais sur celui des intentions. Ces intentions, ce sont l’épargne et la préparation de la retraite », explique-t-il. Mais, bonne nouvelle, si le fort rythme de collecte qui prévalait avant la crise s’est assagi, il n’a pas disparu pour autant. Car les souscriptions ne se sont jamais taries. Et elles demeurent très largement supérieures aux rachats, qui restent d’ailleurs marginaux. Plus globalement, s’il y a aujourd’hui encore moins d’« intentions fortes » qu’avant la crise, c’est peut-être aussi parce que le marché n’est plus aussi favorable. Avant le confinement, le niveau atteint par les prix de l’immobilier dans certains emplacements faisait déjà réfléchir. Et le robinet du crédit, abondant depuis plusieurs années, venait d’être en partie resserré par les autorités de tutelle.
De nouvelles envies en matière d’habitat
Résultat : avec la remontée – partielle et légère, mais néanmoins réelle – des taux d’intérêt, et le durcissement des conditions d’octroi des crédits, une partie des acquéreurs potentiels est aujourd’hui écartée du marché. En revanche, les nouvelles envies des Français en matière d’habitat créent de nouvelles perspectives. L’envie de campagne et de verdure pourrait, de fait, revitaliser des marchés ruraux plutôt sinistrés ces dernières années. A supposer qu’il s’agisse bien d’une nouvelle tendance durable…
[1] Thomas Binet est l’animateur de l’émission « Osez investir » sur Sud Radio, diffusée tous les dimanches matin à 9 h 42.Lire aussi
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