Tout va bien pour l’épargne ! Sécurité sur les placements court terme, logement en bonne santé, SCPI aussi, Bourse en pleine forme… vous trouvez cela normal ? Alors que l’économie, en France et dans le monde entier, vient d’être fortement secouée. Il est sans doute temps de se poser quelques questions sur l’avenir des placements.
Bonjour,
Nous sommes à un moment très particulier dans la longue histoire de l’épargne et des placements.
Le monde vient d’être bouleversé. Nous connaissons par cœur les effets de la pandémie. Arrêt des activités et des déplacements à l’échelle de la planète. Des secteurs comme l’hôtellerie et certains commerces sinistrés. Cinéma, théâtres, musées fermés. Injection massive de liquidités dans le système monétaire. Augmentation vertigineuse de l’endettement des États. Formidable développement du digital…
L’épargne pourra-t-elle rester tranquille dans un monde perturbé ?
Or, pendant ces longs mois, rien n’a changé dans le domaine de l’épargne. Regardons ses trois composantes.
- L’énorme masse des placements en dépôts ou en livrets, ou dans les contrats d’assurance-vie classiques dits « en euros » ? Certes les taux sont plus bas que jamais, mais tout se passe bien.
- L’immobilier détenu par les particuliers ? Que l’on parle logement, ce qui représente une grande partie du patrimoine des ménages, ou que l’on parle des placements immobiliers en SCPI ou dans les contrats d’assurance-vie, pas de problème.
- La Bourse ? Elle a bien sûr été quelque peu mouvementée, mais elle s’est bien comportée. Le Dow Jones est ces temps-ci à son plus haut historique, oui, le plus haut de toujours. Même la Bourse de Paris a bien progressé.
Comment est-ce possible ?
Eh bien, nous sommes peut-être, juste maintenant, dans cet instant merveilleux que l’on appelle le calme avant la tempête.
Nous savons que le monde va changer !
- Le redémarrage de l’économie sera vif à certains endroits et douloureux à d’autres.
- Certaines productions vont être re-localisées.
- Les critères de respect de l’environnement, de baisse de production de carbone, vont imposer de nouvelles façons d’organiser la vie économique.
- Le télétravail ne redeviendra pas marginal.
- Les États vont se débattre avec leur endettement.
- Le système monétaire mondial sera bien obligé d’évoluer…
Il y aura du très positif, mais il y aura des secousses. Et rien ne se passerait sur le front de l’épargne ?
L’histoire de l’épargne est faite de chocs et de surprises
Les Anciens avaient pour coutume de désigner un dieu ou une déesse pour chacune de leurs activités. Savez-vous quelle est la déesse de l’épargne ? Dame Surprise. Ses interventions sont brutales, soudaines, aux moments où l’on s’y attend le moins. Et jamais comme on aurait pu l’imaginer.
Voici un exemple. En 1970, l’or n’avait fait que baisser depuis plus d’une vingtaine d’années. Il avait perdu les trois quarts de sa valeur. Si l’on relit les économistes du début des années soixante-dix, l’or n’avait plus aucun avenir. Les textes sur les placements le qualifiaient de stérile. Banquiers et conseillers convainquaient leurs clients de s’en débarrasser. Et puis, soudain, le choc. Entre 1972 et 1982, sur dix ans à peine, sa valeur a été multipliée par huit ! Inattendu. Qui en a profité ?
Autre exemple, dans l’autre sens. Pendant les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix, toutes les Bourses du monde ont progressé comme jamais. Imaginez, plus de 17 % par an en moyenne pour celui qui réinvestissait les dividendes. Un placement plutôt sûr, finalement, dont les hausses et les baisses rythmaient une progression ininterrompue. Qui accueillait chaque jour de nouveaux voyageurs sur son navire. Et puis, patatras, l’éclatement de la bulle internet et les attentats du 11 septembre 2001. Une baisse de 50 % sur une seule année. Qui a su sortir avant ?
Les envolées qu’on laisse passer, les chutes dont on se ne remet pas.
Je suis par nature foncièrement optimiste, mais j’aime bien être lucide. Et je connais notre histoire. Non, l’épargne n’est pas un long fleuve tranquille. À intervalles réguliers, surtout lorsqu’on ne se souvient plus d’elle, Dame Surprise intervient.
Vous vous demandez peut-être pourquoi je dis cela ? Comme si je voulais jouer les trouble-fêtes ?
Comment préparer son patrimoine et ses placements
Pas du tout, mais je pense qu’il faut se préparer. Avec la fin des confinements et des mesures sanitaires à grande échelle, le monde va progressivement sortir de l’état d’apesanteur. L’atterrissage va secouer. Ce choc ne peut pas ne rien changer à l’équilibre actuel des placements. Y aura-t-il de l’inflation ? Les taux resteront-ils bas ou remonteront-ils ? Y aura-t-il des secousses monétaires ? Des mesures fiscales exceptionnelles ? Quelles sont les valeurs en Bourse qui partiront à la dérive et celles qui tireront magnifiquement leur épingle du jeu ? Comment se comporteront les multiples marchés immobiliers ? Nous avons devant nous un inconnu d’une épaisseur exceptionnelle.
Savoir qu’on ne sait pas, c’est parait-il le début de la sagesse. Qui dit sagesse dit modestie. En matière de placement, la façon d’être modeste est de diversifier sa confiance ou sa vigilance. Quand vous faites le bilan de vos avoirs, vous avez surtout de l’immobilier ? Ce n’est sans doute pas le moment d’en rajouter. Vous avez intelligemment surfé sur la hausse de la Bourse ? C’est peut-être le moment d’alléger vos positions gagnantes. Vous avez une proportion importante de placements court terme ou en euros ? Il est probablement temps d‘équilibrer avec de la Bourse ou de l’immobilier.
Pourquoi l’épargne serait-elle moins compliquée que la vie ? Il y a des périodes plus incertaines que d’autres. C’est le cas aujourd’hui en matière de placements. Que l’avenir soit inconnu ne veut pas dire du tout qu’il sera mauvais. Mais la façon de le préparer est d’être plus vigilant que d’habitude, et de veiller plus que jamais à cette valeur sûre qu’est une bonne diversification.
Voilà, je vous souhaite beaucoup de succès avec vos placements, et je vous souhaite une bonne journée.
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