L’épargne sera-t-elle bien traitée ou au contraire malmenée au cours des prochaines années ? Peut-on dessiner les grandes lignes de ce qui pourrait arriver aux principaux placements ?
Voici un bulletin météo.
Bonjour,
Essayons de prévoir la météo. Quel temps va-t-il faire sur l’épargne, sur la Bourse, sur l’immobilier ?
Pour l’instant, la priorité est de permettre à l’économie de supporter, le moins mal possible, les mesures sanitaires qui ralentissent les échanges et de nombreuses activités. La solution est celle de la perfusion. Les gouvernements et les Banques Centrales déversent de l’argent, sans retenue. On crée de la monnaie, on augmente la dette. Mais que va-t-on faire après ?
Il y a trois scénarios pour ce qui va suivre. Le scénario catastrophe. La divine surprise. Et le scénario considéré à tort ou à raison comme vraisemblable.
Mauvais temps sur l’épargne
D’abord le scénario catastrophe. Les taux d’intérêt restent très bas, longtemps. Vous pensez que c’est intéressant ? Eh bien non, malheureusement. Parce que la croissance économique, à long terme, a tendance à rejoindre le niveau des taux d’intérêt. Croissance faible, déflation. Pas bon pour la Bourse, mauvais pour l’immobilier, dangereux pour la société. Mais nous avons une chance sérieuse d’y échapper, car le Japon s’est enfoncé dans ce piège au cours des vingt dernières années. Nos dirigeants savent qu’il ne faut pas s’engager dans cette voie. Ils feront tout pour l’éviter.
Économie, épargne : le printemps !
Deuxième scénario, la divine surprise. Imaginez qu’un jour, sans prévenir, la Banque Centrale décide, par un coup de baguette magique, d’annuler purement et simplement la dette des États européens. Un vent de printemps soufflerait sur nos économies fatiguées. Il y aurait soudain une marge de manœuvre pour financer la grande transformation de notre société vers une croissance plus écologique et plus mobilisatrice. Vous pensez que c’est inconcevable ? Eh bien justement, la présidente de la Banque Centrale Européenne a expliqué il y a quelques jours que c’était ridicule, qu’il ne fallait pas y songer. Ah, si on prend la peine de démentir, cela veut dire que l’idée a déjà fait du chemin. En fait, un nombre non négligeable d’économistes pensent que c’est techniquement faisable, et que ce serait intelligent. Ce serait un scénario formidable pour les actions, pour l’immobilier, pour l’épargne en général et pour ceux ou celles qui cherchent du travail. Bon, pas vraiment probable encore pour l’instant.
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Reste le scénario peut-être le plus vraisemblable. Après la vague de dépenses, on rembourse la dette. Comment ? Par l’inflation et par la croissance. Donc, désolé, c’est l’épargne qui va payer.
Ce scénario est déjà engagé ! Que se passe-t-il pour tout l’argent qui est aujourd’hui sur les les livrets A et autres livrets bancaires, ou sur les fond euros dans les contrats d’assurance-vie ? Il y a un rendement, mais le rendement réel, après inflation, est négatif. On réduit donc, un peu, la valeur de cette masse d’argent. Année après année, un peu devient beaucoup. Et comme on en a créé énormément, cela ne suffira pas. Viendra alors, dans quelques années, une flambée d’inflation, comme on en a déjà connu par le passé, pour finir de nettoyer la dette… au détriment de l’épargne accumulée.
Dans ce scénario, il y a donc deux périodes. Celle qui vient de commencer, calme avec des taux faibles, et une inflation faible, et une lente hémorragie de l’épargne par les taux réels négatifs. Puis une seconde période, avec inflation forte, montée des taux d’intérêts, et des rendements réels très négatifs pour les livrets et fonds euros.
Bourse ? Immobilier ?
Que fera la Bourse pendant ce temps ? À long terme, la progression des actions correspond à l’inflation plus à la croissance économique. Donc pas de souci. Mais attention, pas en ligne droite. Il y aura des hauts et des bas parfois très violents.
Et l’immobilier ? Les rendements sont actuellement de 3 à 4 %, donc le taux réel est positif. Donc pas de souci pendant la première période. Et le jour où l’inflation explose, s’enclenche le mécanisme selon lequel à long terme les loyers, donc les valeurs, suivent l’inflation. C’est vrai pour le logement. Pour l’immobilier d’entreprise, les loyers, donc les valeurs, suivent l’inflation plus une partie, à peu près un tiers, de la croissance économique.
Bien entendu, ce sont des tendances générales. Cela ne dit pas ce que va faire tel ou tel investissement en particulier. Je ne suis surtout pas en train de dire que nous sommes dans un monde ou dans une période facile.
Mais j’ai pensé que cela pouvait vous intéresser de savoir dans quel sens souffle le vent.
Et je vous souhaite une très, très bonne journée.
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