Avant, on n’avait pas de pétrole mais on avait des idées. Maintenant, on n’a pas de logements pour tout le monde, mais on a des lois super-protectrices pour les locataires. La Loi ALUR (Accès au Logement et Rénovation Urbaine) du 24 mars 2014 vient d’en rajouter une couche. Sans apporter de réelle solution à la pénurie de logements. Moyennant quoi le problème vient d’être élevé, une fois de plus, à la distinction de priorité absolue du nouveau gouvernement.
Regardons le problème en face, sans parti pris dogmatique, si c’est possible, mais avec juste ce qu’il faut de clairvoyance. En France, aujourd’hui, le seul secteur locatif qui marche encore à peu près est celui du public, financé par l’Etat, c’est-à-dire les contribuables. En 2013, les HLM ont produit six fois plus de logements neufs que les investisseurs privés. Et ces derniers (des Mohicans ?) l’ont fait, pour la plupart, en défiscalisation Duflot : encore une aide publique !
Les institutionnels (banques, assureurs, foncières) ont déserté le logement depuis longtemps. Il leur en resterait moins de 200 000 en portefeuille (sur un parc locatif privé de 6,36 millions), qu’ils tentent d’écouler discrètement… Certes, il y a quelques exceptions : la Caisse des Dépôts, par exemple, qui s’implique dans le logement (social) avec ses deniers (publics) ; une grande foncière française, qui envisage d’agrandir encore son parc de logements (tous situés en Allemagne)…
Encore un exemple ? Un fonds néerlandais se propose de lever de l’épargne en France pour investir dans le résidentiel. Chez nous ? Oui, mais seulement dans des résidences étudiantes. Pour le logement classique, il investira chez nos voisins européens. Pourquoi les institutionnels fuient-ils notre logement ? Leur réponse est catégorique : trop de contraintes de gestion, pas assez de rendement pour rémunérer le capital. Capital ? On avait pourtant dit : « pas de parti pris dogmatique ».
Christian Micheaud