Pascale Gloser, nouvelle présidente de la CNCEF Patrimoine, répond aux questions de Guy Marty. Quel rôle pour les chambres professionnelles ? Les spécificités de son association ? Quelles qualités pour être un bon CGP ? Débat.
Guy Marty – Je suis très heureux de vous interviewer aujourd’hui, Pascale, puisque vous venez tout juste d’être nommée présidente de la CNCEF Patrimoine. Vous en étiez auparavant secrétaire générale, et administratrice de longue date. Vous succédez ainsi à Stéphane Fantuz, une figure bien connue de la profession, qui a incontestablement marqué son développement. Comment vit-on cette succession ?
Pascale Gloser, nouvelle présidente de CNCEF Patrimoine
Pascale Gloser – Stéphane a choisi de se consacrer pleinement à la CNCEF Assurance, et il m’a proposé de prendre la suite à la présidence de CNCEF Patrimoine. J’ai accepté volontiers, car il a véritablement incarné, depuis le début, toutes les missions de la Chambre. Il l’a portée, structurée et fortement développée. Je m’inscris donc naturellement dans cette continuité.
Guy Marty – Une belle mission s’ouvre donc devant vous…
Pascale Gloser – Oui, dans la continuité, mais avec une énergie renouvelée.
Guy Marty – En deux mots, que représente aujourd’hui la CNCEF Patrimoine ?
Pascale Gloser – La CNCEF Patrimoine fête ses 20 ans cette année. Elle rassemble aujourd’hui environ 2 000 membres. Elle incarne la voix des conseillers en gestion de patrimoine auprès de leurs autorités de tutelle, des pouvoirs publics, mais aussi de la Commission européenne.
Guy Marty – D’autres associations représentent également la profession. Qu’est-ce qui distingue la CNCEF Patrimoine ?
Une qualité d’accompagnement très spécifique
Pascale Gloser – Ce qui nous différencie, c’est sans doute la qualité de l’accompagnement que nous proposons. Le conseiller en gestion de patrimoine est aujourd’hui pris en étau entre des exigences réglementaires toujours plus fortes, et une pression concurrentielle accrue. Notre rôle, c’est de lui fournir des outils fiables et efficaces. Je pense notamment à notre kit réglementaire, complet et régulièrement mis à jour, qui fait aujourd’hui référence. Mais aussi à l’accompagnement que nous assurons au quotidien, notamment à travers une soixantaine de webinaires chaque année. Et grâce à une équipe de huit permanents, toujours disponibles pour répondre aux questions. Cela permet aux CGP de se recentrer sur l’essentiel : leurs clients.
Guy Marty – Soixante webinaires, c’est considérable. Quels sont les thèmes abordés ? Est-ce qu’ils évoluent ?
Une soixantaine de webinaires chaque année
Pascale Gloser – C’est un format que nous avons beaucoup développé ces quatre dernières années, notamment dans le prolongement de la crise sanitaire. Ces webinaires couvrent des sujets très variés. Certains sont d’ordre général – je pense à des thèmes comme les normes DORA –. D’autres sont plus techniques, directement liés au métier. Dans ce cas, nous faisons souvent intervenir des avocats spécialisés. Mais nous laissons toujours une place au dialogue, aux questions-réponses, car ces échanges enrichissent considérablement les sessions. Nous abordons aussi bien des sujets de procédure, des évolutions réglementaires précises – comme les changements concernant la déclaration d’adéquation ou la gouvernance produit – que des sujets plus orientés produits. Par exemple pour mieux comprendre un produit structuré. C’est un format souple, apprécié pour sa régularité et sa pertinence.
Guy Marty – Y a-t-il d’autres points forts à mettre en avant ?
CNCEF : ancrage historique et modèle d’interprofessionnalité
Pascale Gloser – Il y a un ancrage historique. La CNCEF existe depuis 1957. C’est la première association d’experts financiers créée en France. On l’appelait autrefois « la vieille dame », c’est dire ! Depuis, elle s’est structurée autour de cinq associations : CNCEF Patrimoine pour les CGP-CIF, CNCEF Assurance (dirigée aujourd’hui par Stéphane), CNCEF Immobilier, CNCEF Crédit, et CNCEF Fusion-Acquisition. Cet ensemble crée un écosystème riche et interprofessionnel, propice à des échanges transversaux très concrets.
Guy Marty – Un vrai modèle d’interprofessionnalité, donc. En quoi cela se traduit-il concrètement ?
Pascale Gloser – Très concrètement, c’est beaucoup plus simple de collaborer avec un courtier en crédit que l’on connaît via CNCEF Crédit, ou d’échanger avec un professionnel de l’immobilier actif au sein de CNCEF Immobilier. Idem pour les spécialistes de la fusion-acquisition : leurs clients peuvent avoir besoin, après une cession d’entreprise, de conseils en gestion de patrimoine. Et inversement, un CGP peut accompagner un client dans le cadre d’une transmission ou d’une opération stratégique. Ces passerelles sont précieuses.
Quel avenir pour la profession de CGP ?
Guy Marty – Vous voyez donc une vraie vie commune entre ces cinq associations ?
Pascale Gloser – Oui, absolument. C’est ce qui fait la richesse de notre modèle.
Guy Marty – Et comment voyez-vous l’avenir du métier de CGP ?
Pascale Gloser – Je suis assez confiante. Il y a certes une concentration des acteurs, mais cela présente aussi des avantages. Les structures plus importantes gagnent en visibilité, en capacité d’investissement, notamment sur la communication. Les cabinets qui les rejoignent peuvent se développer plus sereinement grâce au soutien administratif et organisationnel qu’ils reçoivent. Et cela garantit également une pérennité, au-delà de l’implication du fondateur. En parallèle, nous voyons émerger de nombreux jeunes cabinets, souvent très agiles, qui s’appuient sur nos outils réglementaires et les plateformes numériques pour faire leurs premiers pas avec efficacité.
L’excès de réglementation : un frein pour les nouveaux entrants ?
Guy Marty – Vous avez évoqué les outils réglementaires. La réglementation devient de plus en plus lourde. N’est-ce pas un frein pour les nouveaux entrants ou les petits cabinets ?
Pascale Gloser – Cela pourrait être une inquiétude, mais dans les faits, ce n’est pas le cas. Les nouveaux entrants arrivent dans un environnement déjà très encadré, et s’y adaptent très bien. Ils sont souvent plus à l’aise avec les outils digitaux, ce qui les rend plus efficaces face aux exigences réglementaires. Là encore, l’accompagnement des chambres professionnelles joue un rôle essentiel. Notre objectif, c’est justement de leur permettre de se concentrer sur leur métier, en leur fournissant les moyens de gérer les aspects réglementaires de manière sécurisée.
Guy Marty – C’est une vision à la fois très lucide et très positive. Dernière question – peut-être banale, peut-être pas : pour vous, c’est quoi un bon CGP ?
C’est quoi, un bon CGP ?
Pascale Gloser – Un bon CGP, c’est d’abord quelqu’un qui maîtrise son domaine, qui met régulièrement ses connaissances à jour, qui sait utiliser les outils à sa disposition – y compris les outils liés à la réglementation ou à l’intelligence artificielle. Mais c’est surtout un professionnel qui reste proche de ses clients, qui comprend leurs attentes, leurs besoins, et qui les accompagne avec technicité et humanité. Et je tiens à le dire : il y a beaucoup de bons CGP…
Guy Marty – Toujours cette dimension humaine, à laquelle vous tenez beaucoup. Et ce sera le mot de la fin.
Propos recueillis le 19 juin 2025.
Lire aussi
A propos de la CNCEF Patrimoine(i)
Association professionnelle créée en 2005, l’association professionnelle CNCEF PATRIMOINE, agréée par l’Autorité des marchés financiers (AMF) et présidée par Pascale GLOSER, regroupe tous les professionnels libéraux qui accompagnent leurs clients dans les domaines du patrimoine. C’est-à-dire, à la fois des conseils en gestion de patrimoine (CGP) et des conseils aux institutionnels. Cinq grandes missions guident son action : rassembler, accompagner, former, influencer, valoriser.
(i) Information extraite d’un document officiel de la société.