L’inflation est l’un des grands sujets d’actualité. Mais savons-nous ce qu’elle est ? En réalité l’inflation qui arrive sera à la fois un impôt sur les plus pauvres et un impôt sur l’épargne, et sera accompagnée de grands désordres économiques et sociaux. Et pourtant, il y a de l’espoir…
Bonjour,
J’espère que vous allez bien, et que vous restez en forme !
Il faut dire qu’en ce moment les actualités ne nous épargnent pas en matière de mauvaises nouvelles…
L’inflation dans l’actualité
On devrait d’ailleurs s’interroger sur le sens du mot « actualité ». À l’origine, c’était un terme philosophique, pour désigner une cause agissante. Actuel venait de « acte » par opposition à toutes les suppositions ou élucubrations. Oui, oui, était actuel ce qui comptait vraiment, ce qui avait de l’importance. Et puis les mots fatiguent, en même temps que les esprits. Après tout, si l’on cesse de s’interroger sur le sens de la vie, le sens des choses, ce qui compte devient ce qui se passe autour de nous, juste maintenant, ce qu’il y a dans le frigidaire ou ce qui vient d’être dit… et voilà, est actuel désormais ce qui se passe à l’instant, n’importe où dans le monde. Et comme à tout instant il se passe quelque chose, eh bien les actualités tournent, et tournent.
Bon, l’un des grands sujets de l’actualité économique est l’inflation. Oublions un instant l’éphémère, le superficiel, et regardons ce qui est réellement en train de se passer. Regardons les causes agissantes…
Matières premières et denrées alimentaires : vers la hausse des prix
Premier phénomène. La hausse des prix, du pétrole, du gaz, des denrées alimentaires, est ce que tout le monde voit. On peut en parler pendant des heures.
Mais ce qui se passe va bien au-delà du moment présent. La crise sanitaire des années 2020-2021 avait commencé à rompre les chaînes d’approvisionnement. La guerre en Ukraine, avec les réactions géopolitiques qu’elle a engendrées, a consacré cette rupture d’approvisionnement.
Les problèmes de pénurie sont très déstabilisants. Des pays entiers risquent d’en souffrir, avec d’immenses conséquences géopolitiques. Cette inflation par les prix des matières premières ou des denrées alimentaires va accompagner le nouveau désordre du monde, et cette inflation-là risque de durer aussi longtemps qu’un nouvel équilibre ne sera pas trouvé.
C’est une dégradation monétaire qui nous attend
Il y a cependant un second phénomène. Les Banques Centrales ont émis des masses de monnaies considérables en dollars et en euros, et cela pouvait fonctionner tant que ces monnaies étaient admises dans le monde entier. Seulement voilà, plus de la moitié de la population mondiale est en train de s’échapper de cet ensemble monétaire : la Russie bien sûr, mais aussi la Chine, l’Inde, sans oublier l’Iran et divers pays d’Amérique Latine ou d’Afrique. Peu importe que ce soit l’or, le yuan ou quelques crypto-monnaies qui prennent progressivement une place plus importante dans ce système monétaire éparpillé. De toute façon la valeur de nos monnaies va souffrir. On appellera cela hausse des prix, ou perte de pouvoir d’achat, ou inflation encore.
Et cette inflation qui s’annonce n’a rien à voir avec celle que nous avons connue toutes ces dernières années. Une inflation à 1 ou 2 %, c’est un léger glissement des prix. Une inflation à 5, 10 % ou plus, c’est la monnaie qui se dégrade. Même appellation, pas la même chose du tout.
Il va falloir vivre avec l’inflation
Comment décrire ce nouveau contexte ?
D’abord du désordre. Si certains biens ou services deviennent beaucoup plus chers, si les salaires ont du mal à suivre, s’il faut revoir certaines habitudes de vie, voilà des transformations qui ne se font ni sans heurts, ni sans victimes.
Ensuite, le rapport de force qui toutes ces dernières années était favorable à l’épargne et aux placements obligataires, va s’inverser. L’inflation est un impôt. Il est prélevé sur les plus pauvres, mais aussi sur l’épargne. Les taux d’intérêt réels vont être négatifs. Pensez-vous que toutes les retraites seront normalement revalorisées ? C’est tout un monde qui est en train de basculer.
Ce sont donc des années difficiles qui nous attendent. Les marchés vont être plus volatils, plus complexes.
La croissance économique est-elle encore possible ?
Et pourtant, je ne voudrais pas terminer sur une note pessimiste. Car nous avons connu autrefois une grande période de désordre inflationniste. On les a appelées les « Trente Glorieuses ». Certes, il ne faisait pas bon être agriculteur ou retraité pendant ces années-là. Mais un vent de transformation positive, d’élévation du niveau de vie a soufflé. Avec de nouvelles activités, de nouveaux métiers, de nouveaux produits et services, c’est toute la société française qui en a finalement bénéficié.
La vraie question n’est pas de savoir si le contexte inflationniste sera confortable ou pas. Il ne le sera pas. Mais la question est de savoir si nous Français, nous saurons une fois de plus rester dans le jeu, basculer vers les nouvelles filières prometteuses de l’économie plus locale, de l’environnement, du digital, et d’autres filières nées ou à naître !
Je vous souhaite une très bonne journée.
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