La reprise sera-t-elle assez robuste pour effacer les blessures récentes ? Ou bien sera-t-elle seulement un rebond de courte durée ? La différence est considérable. Dans le premier cas nous pourrions connaître un « après-guerre » avec une croissance longue et une prospérité contagieuse. Dans le second cas, il faudrait s’attendre à des souffrances et à des troubles sociaux importants.
Pourtant, les habitudes de pensée jouent contre nous. Contre une véritable reprise qui serait à la hauteur du séisme que nous venons de connaître.
« Aux grands maux les grands remèdes » disait Paracelse. Voici un grand remède… irréaliste ? Insensé ?
Bonjour,
Aujourd’hui je vous propose de parler reprise, ou rebond.
Une grande partie de ce qu’on entend sur le PIB, sur les taux, sur l’inflation, sur le monde d’après qui sera ou qui ne sera pas comme avant, tout cela donne un peu l’impression d’idées qui roulent toutes seules comme des billes…
Par exemple, un jour on nous explique que le PIB va repartir en France de 5 % en 2021, puis quelques mois plus tard on nous dit, surprise, finalement ce sera 5,5 %. Mais qu’est-ce que cela veut dire ? Le PIB, on sait qu’il est imprécis à 2 ou 3 % près !
Alors arrêtons-nous sur le PIB.
Le PIB mesure mal la reprise de l’activité
D’abord, c’est un outil de mesure de l’activité qui a été développé à l’époque où l’économie était surtout industrielle. Aujourd’hui, non seulement l’économie est en grande part tertiaire, donc l’immatériel y est plus important que les choses elles-mêmes, ce qui fait que le PIB a du mal à refléter ce qui se passe. Mais en plus nous venons de basculer dans le digital, et là le PIB n’est plus du tout une mesure pertinente. Donc, quand on nous raconte que les prévisions passent de 5 à 5,5 %, les chiffres c’est pour faire semblant. Cela veut seulement dire que l’activité a l’air de repartir mieux qu’on ne le pensait. Oui, c’est une bonne nouvelle.
Mais il y a un autre inconvénient au PIB. Il représente l’activité économique globale. S’il y a des entreprises ou des personnes qui souffrent, lui, il ne mesure que le total. Or la crise a frappé comme une loterie d’un nouveau genre, avec des billets gagnants et des billets perdants. Donc certains secteurs ou certaines entreprises vont connaître des vents très favorables, alors que des pans entiers vont connaître des difficultés.
Ce qui suggère qu’une autre information est absente. Le PIB d’un instant ne dit absolument pas quel est le climat social au même moment. On se souvient des gilets jaunes. C’est un sujet complexe. Mais on ne peut ignorer que les mesures prises pour réagir à la pandémie ont accentué des situations précaires et des zones de pauvreté. Et s’il y a des troubles, nos gouvernants sauront-ils bien les gérer cette fois-ci ? Sauront-ils protéger ou rétablir une véritable paix sociale ? L’avenir de la croissance, de la création d’emploi, est là aussi.
Donc, ne nous focalisons pas trop sur les prévisions de PIB.
Il faut aider surtout les entreprises qui font la croissance
Le sujet majeur qui va déterminer la vigueur de la reprise, et surtout sa durabilité, c’est le sujet des entreprises, et plus particulièrement des entreprises en bonne santé. Grandes, moyennes ou petites, ou même toutes petites. Après tout, l’activité économique dépend de la création d’emplois. Donc il faudrait aider précisément les entreprises qui vont bien ! Logique, non ?
Hélas, on se heurte au vieux démon de la fiscalité.
- Notre impôt sur les bénéfices est l’un des plus élevés du monde, en vertu de la logique selon laquelle plus le taux est élevé plus l’État aura de recettes. Mais ce n’est pas vrai ! Les pays qui avaient baissé leur taux d’impôt sur les bénéfices ont connu une hausse des recettes fiscales, pour une raison simple : cela aide surtout les entreprises en bonne santé, qui se développent encore mieux. Avec en prime plus de création d’emplois, et un cercle vertueux même au niveau fiscal.
- Et notre impôt sur le travail ? Lui aussi il est élevé. Chez nous on est riche, donc super taxable, à partir d’un certain revenu. Moralité, il y a des ingénieurs, des scientifiques, des informaticiens français qui font la croissance d’entreprises ailleurs que chez nous. Non, cela n’aide pas nos entreprises.
Bon, ce que je suis en train de dire est politiquement incorrect. Trop simple. Irréaliste. Hors-sujet ! La dette, par exemple, est un sujet plus sérieux… Mais justement, il faudra de la prospérité pour commencer à la rembourser un jour. Est-ce qu’il est vraiment hors-sujet de récompenser le travail et de renforcer la source de l’activité économique ? Or il y a une formidable opportunité. Le plan de soutien pourrait soulager le fardeau des entreprises qui sont moteur, qui réussissent, qui peuvent créer plus d’emplois et au total plus de prospérité.
On peut aussi mobiliser l’épargne vers une reprise forte
De plus, imaginons que l’État, au lieu de rester dans les schémas habituels, décide de baisser les impôts sur les bénéfices et les impôts sur les revenus du travail… imaginons. Eh bien ce serait un signal très clair donné à l’épargne accumulée, pour aller vers les entreprises. Il y aurait donc un véritable cercle vertueux. Plus de création d’emplois, et encore plus.
Voilà, je rêve, je rêve…
« Aux grands maux les grands remèdes », disait le médecin Paracelse. Les États, et avec eux les Banques Centrales, ont bien appliqué ce précepte face au choc de la pandémie. Eh bien, si l’on veut s’en sortir maintenant, c’est plus que jamais le moment de l’appliquer à nouveau, de jouer grand. Alors, rêvons un peu !
Je vous souhaite une très, très bonne journée.
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