Eurosic vient de publier une mise au point, réagissant aux propos tenus par les dirigeants de Gecina interviewés le 2 juin dernier par « Les Echos ». Six des principaux actionnaires de Foncière de Paris se sont engagés auprès d’Eurosic, ce qui lui permettrait de détenir à l’issue de son offre, « au moins 73% du capital de Foncière de Paris ». Gecina a « le sentiment qu’il y a une sorte de plan préétabli entre ces grands actionnaires communs à Foncière de Paris et Eurosic » …
La bataille boursière qui oppose Eurosic et Gecina pour le contrôle de Foncière de Paris prend une nouvelle tournure. Après l’annonce surprise de Gecina, le 19 mai, d’une OPA sur Foncière de Paris, en concurrence frontale avec celle engagée depuis le 4 mars dernier par Eurosic, les marchés avaient commencé par espérer une contre-offre de l’attaquant le moins disant financièrement (Eurosic).
Soutien des principaux actionnaires de Foncière de Paris
Mais Eurosic n’aura pas fait durer le suspense très longtemps. Dès le 23 mai, un communiqué de la foncière précisait que le conseil d’administration, à l’unanimité, maintenait l’offre publique d’Eurosic dans ses conditions initiales. Une déclaration qui sera suivie par les communiqués des différents actionnaires de Foncière de Paris soutenant l’offre d’Eurosic. Covéa (29,6% du capital de Foncière de Paris) d’abord, dès le 24 mai, expliquant qu’en « l’état des offres en présence et sous réserve d’éventuelles évolutions des conditions de marché », elle « considère que l’offre d’échange d’Eurosic est plus à même de répondre à ses objectifs d’investissement et en conséquence souhaite la privilégier ». Puis la société Tricogne SC, actionnaire à hauteur de 5,8%, le 25 mai, qui fait alors savoir par courrier à Eurosic que « compte tenu du rendement induit de son offre et des perspectives de croissance à moyen-terme annoncées par Eurosic », elle « réitère son engagement d’apport à la branche actions de l’offre publique déposée le 11 mars 2016 par Eurosic ». Le 30 mai, enfin, c’est au tour du groupe des Assurances du Crédit Mutuel (11,5% du capital) de réitérer son soutien à Eurosic, affirmant que cette offre « répond mieux actuellement aux objectifs des ACM, avec un projet d’entreprise créateur de valeur, tout en confortant les liens développés avec cette société depuis plusieurs années ».
Réaction des dirigeants de Gecina
S’exprimant dans les colonnes des « Echos » le 2 juin dernier, les dirigeants de Gecina, Bernard Michel et Philippe Depoux, s’interrogent sur cette série de soutiens à l’offre Eurosic. « Nous avons le sentiment qu’il y a une sorte de plan préétabli entre ces grands actionnaires communs à Foncière de Paris et Eurosic[1] », expliquent-ils en substance, considérant qu’il y a « quelque chose de surprenant à voir que, avant même d’être ouverte, à savoir le 30 juin, une offre publique puisse être préemptée par certains grands actionnaires communs d’Eurosic et de Foncière de Paris, au mépris total de tous les minoritaires ». Tout en réaffirmant que l’offre de Gecina qui, « contrairement à celle d’Eurosic, s’adresse à tous les actionnaires, est la plus intéressante, tant en cash, de 10%, qu’en titres, de 12% ».
Communiqué d’Eurosic
Des propos qui ont conduit les dirigeants d’Eurosic à réagir à leur tour, par voie de communiqué. Publié ce 6 juin, celui-ci rappelle notamment que les 6 actionnaires qui se sont engagés au titre des accords (ACM, Allianz, Le Conservateur, Covéa, Generali et LaTricogne) « sont tous différents les uns des autres, tant en termes de critères de décisions que d’horizons d’investissement ». « Ces différences ont d’ailleurs conduit à des décisions variées et propres à leurs situations respectives (engagements d’apports à l’offre dans sa branche titre ou sa branche cash, cession directe) », rappelle Eurosic, visant à démonter l’accusation à peine voilée des dirigeants de Gecina d’entente entre les grands actionnaires de Foncière de Paris. En l’état actuel des accords, Eurosic, qui déjà récupéré, à 145 € par titre, les participations d’Allianz et de Generali, et détient donc un peu plus de 26% de Foncière de Paris, pourrait au final, à l’issue de son offre, concentrer « au moins 73% du capital » de la foncière cible.
Le cours de Foncière de Paris, qui avait pu grimper jusqu’à plus de 152 € peu après la contre-offre de Gecina, terminait en repli de 0,88% ce soir, à 141,20 €. Encore au-dessus de l’offre en numéraire d’Eurosic…
[1] Covéa détient 29,6% du capital de Foncière de Paris, mais également 21,8% de celui d’Eurosic. ACM, de son côté, est actionnaire à hauteur de 12,2% de Foncière de Paris, et détient 11,5% du capital d’Eurosic.