Dans leur dernière note de conjoncture, les Notaires de France constatent le dynamisme soutenu des ventes de logements. Les prix, eux-aussi, sont en progression, mais plus sagement. Le notariat profite de cette étude pour renouveler ses messages aux candidats à l’élection présidentielle…
Les ventes de logements sont en hausse : une tendance amorcée en 2015, accentuée en 2016, et qui se poursuit sur les premiers mois de l’année 2017, selon la dernière note de conjoncture des Notaires de France.
Record battu en termes de transactions – Avec 867 000 ventes sur les 12 derniers mois – soit une hausse de 7,7% sur un an –, le record de mai 2006 – 837 000 ventes sur un an glissant – est même dépassé. « Le marché a acquis une fluidité affirmée en termes de volume », constatent les notaires, rappelant que les taux bas favorisent évidemment la bonne tenue des échanges, sans pourtant que leur lente et récente ascension ne semble décourager les acquéreurs. C’est même l’inverse qui semble se produire. Ces signes de frémissement de la remontée des taux incitent en effet les acheteurs éventuels à passer à l’acte. « L’ampleur de l’élan suscité par ce déclenchement n’a d’égale que la durée fort longue de la période d’expectative qui l’a précédée », souligne l’étude.
Prix en hausse, mais dans une moindre proportion – Les prix dans l’ancien sont toujours, eux aussi, orientés à la hausse. Ils augmentent de 0,5% au 4T 2016 (par rapport au trimestre précédent), et de 1,7% sur un an glissant, selon l’indice Notaires de France-Insee. Une hausse plus importante pour les appartements (+1,9%) que pour les maisons (+1,5%) au niveau national. Contrairement au volume des transactions, les prix du 4T 2016 (valeur de l’indice = 104,7) n’ont toutefois pas totalement rattrapé ceux des années 2011-2012 (valeur de l’indice = 110 environ) ni des années 2006-2007 (valeur de l’indice = 107 environ). Sur l’Ile-de-France, la Chambre des Notaires de Paris estime à 42 000 les ventes de logements anciens entre décembre 2016 et février 2017, soit une hausse de 19% par rapport à la période décembre 2015-février 2016. Paris continue aussi à afficher les évolutions de prix les plus rapides, tirant l’ensemble du marché à la hausse. Le prix au mètre carré des appartements anciens s’établit ainsi à 8 430 € en février 2017, en hausse annuelle de 5,2%.
Poursuite de l’embellie… sous conditions – Les notaires franciliens s’attendent à un nouveau renforcement de cette tendance haussière. D’après leurs indicateurs avancés, le prix au mètre carré à Paris pourrait approcher 8 700 € en juin 2017, soit 240 € de plus que le précédent record de 2012. La hausse annuelle atteindrait alors 7%. Au niveau national, les Notaires de France tablent sur une progression à un an de 4,3% des appartements anciens, et de 6,1% pour les maisons anciennes. Toutefois, préviennent les notaires, ce dynamisme des volumes et des prix risque de provoquer « un double effet » : raréfier le nombre d’acquéreurs en puissance, et diminuer le stock de biens à vendre. Autrement dit, d’entraîner une envolée non souhaitable des prix, qu’il serait toutefois possible de contenir en harmonisant le régime d’imposition fiscal et social des plus-values sur le délai de 15 ans comme proposé par le notariat aux candidats à l’élection présidentielle, « car cela permettrait tout à la fois un retour de biens vides sur le marché et de freiner la hausse des prix, si tant est qu’elle s’inscrit dans le temps », estiment les notaires.
Messages aux candidats – Ceux-ci rappellent également que l’élément à redouter serait « une augmentation démesurée des taux d’intérêt », une hypothèse « qui ne pourrait néanmoins exister qu’en cas de sortie de la France de l’Union européenne et de la monnaie unique » ; . Ils rappellent en outre que l’abandon des mesures de défiscalisation pourrait également déstabiliser le marché ; et qu’un « rééquilibrage des relations bailleur-locataire est également à souhaiter ». Les notaires, qui constatent que le parc du logement social augmente plus rapidement que celui détenu par les bailleurs privés, craignent en effet que les charges et contraintes sans cesse croissantes qui pèsent sur ces derniers ne les dissuadent d’investir. Une nouvelle aggravation de la pression fiscale (notamment via les transferts attendus de la suppression, même partielle, de la taxe d’habitation) risquerait donc d’entraîner « une certaine pénurie de logements locatifs, finalement préjudiciable aux locataires ». Le message est on ne peut plus clair…