La première banque française, BNP Paribas a annoncé la cession d’un bloc de 54,43 millions d’actions représentant 28,7% du capital de Klépierre, au prix unitaire de 28 euros par action en faveur de l’américain Simon Property Group. L’acquéreur est le leader des centres commerciaux aux Etats-Unis avec un patrimoine de 30 milliards de dollars. BNP conserve 22,2 % du capital de sa filiale foncière.
Le marché a accueilli cette cession par une vigoureuse hausse du cours de Klépierre (+ 5 %). A 24,57 euros, le titre reste cependant bien en deçà du cours de la transaction, alors que cette cession partielle des 50,9 % que détenait BNP Paribas ne devrait pas entraîner d’OPA sur le titre Klépierre. Ce cours laisse pendante une décote de 21,5 % sur la valeur d’actif net hors droits (frais notariés au sens large). Le prix payé par Simon Property a ramené cette décote à près de 11%, mais ne profitera pas aux actionnaires minoritaires qui étaient séduit par la dimension spéculative que conférait à Klepierre les rumeurs de désengagements de BNP Paribas. Comme sur les dossiers Silic et Foncière Paris France qui ont récemment fait l’objet de changement de contrôle la spéculation a été prise au moins partiellement en défaut.
Klépierre est affecté d’une décote qui s’est élargie depuis que le financement mal assuré du rachat de ses centres commerciaux en Scandinavie à la veille de la crise de 2008 l’a contraint à procéder à une augmentation de capital à prix cassés.
Selon le vendeur, « cette opération s’inscrit dans le plan d’adaptation du bilan de BNP Paribas qui vise à augmenter le ratio common equity Tier 1 de 100 points de base pour atteindre 9% « fully-loaded Bâle III » dès le 1er janvier 2013 ». C’est bien le nouveau référentiel bancaire qui entre en vigueur en 2013 pour les banques européennes qui a motivé cette cession partielle (BNP Paribas reste discret sur l’avenir de sa participation résiduelle à l’issue d’une année d’engagement de conservation de ses titres).
Alors que le vendeur n’a pas trouvé un repreneur pour l’ensemble de sa participation qui lui aurait sans doute permis une cession à un cours plus proche de la valeur d’actif net réévalué (ANR), il est remarquable que ce soit justement un acteur américain qui rafle les actions Klépierre avec une décote alors même que les Etats-Unis n’appliqueront pas le référentiel Bâle III.
Les sociétés d’investissement immobilier cotées (SIIC), offrant à Klépierre et ses pairs la transparence fiscale, ont vu le jour en 2004 car les pouvoirs publics semblaient avoir retenu la leçon de la crise des années 90 pendant laquelle ce sont les fonds vautours qui ont repris les portefeuilles immobiliers français avec des décotes massives. Les SIIC sont reconnues aujourd’hui comme le principal, voire le seul succès de la Place de Paris de ces 10 dernières années. Le dispositif de transparence fiscale français a été imité de toute part au sein de l’Union européenne. Les SIIC ont permis à la Bourse de Paris de prendre la première marche du podium des compartiments de foncières cotées en Europe avec une capitalisation boursière de près de 50 milliards d’euros. Cette opération permet de mesurer la fragilité de l’édifice construit.
Christophe Tricaud
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A propos de Klepierre
Acteur majeur de l’immobilier de commerces en Europe, Klépierre, Société d’investissement immobilier cotée (SIIC), détient un patrimoine valorisé à 16,2 milliards d’euros au 31 décembre 2011. Ce dernier se compose de 271 centres commerciaux détenus dans 13 pays d’Europe continentale (92,7%), de murs de commerces via Klémurs (3,1%) et d’immeubles de bureaux parisiens (3,4%). Klépierre a pour premier actionnaire BNP Paribas, à hauteur de 50,9%. Investisseur à long terme, Klépierre maîtrise la conception, la gestion et la valorisation de son patrimoine à travers ses filiales Ségécé et Steen & Strøm, 1ère foncière scandinave de centres commerciaux. La combinaison de ces acteurs au sein d’un même groupe fait de ce dernier le partenaire des villes et des enseignes pour la réussite dans la durée des projets commerciaux.
Klépierre est cotée sur Euronext Paris, membre des indices SBF 80, EPRA Eurozone, membre des indices développement durable DJSI World et Europe, FTSE4Good, ASPI Eurozone et membre des registres d’investissement Ethibel Excellence et Pioneer. Klépierre a également été classée par GRESB (Global RealEstate Sustainablity Benchmark), en 2011, en 7ème position parmi les foncières cotées européennes -compartiment Green Stars. Cette présence marque l’engagement du Groupe dans une démarche volontaire de développement durable.
Au cours de 24,57 euros, jeudi 8 mars 2012 la capitalisation de Klépierre atteint 4,65 milliards d’euros.