Au mois d’août, les indices immobiliers ont mieux résisté que les indices de référence notamment européens. Sur un an, l’indice immobilier français Euronext IEIF SIIC France affiche une belle performance positive avec +18,5% tandis que les autres indices ont des performances négatives. Pour Aurore Vialatte, analyste senior Immobilier Coté à l’IEIF, les foncières françaises ont donc plus que jamais le vent en poupe.
Le mois d’août a réservé quelques bonnes surprises et ce malgré un contexte économique général dans lequel les prévisions économiques sont régulièrement révisées à la baisse. Les investisseurs ont montré encore un peu plus de fébrilité et d’inquiétudes n’arrivant pas à sortir de cette zone d’incertitudes dans laquelle ils se trouvent depuis plusieurs mois maintenant. Les marchés financiers ont ainsi affiché des volatilités d’une ampleur conséquente.
Statistiques contre-prédictives – Alors que la plupart des acteurs économiques s’attendaient à une vague de mauvaises nouvelles suite à la victoire du Leave au référendum britannique, notamment l’apparition d’une forte récession au Royaume-Uni, les différentes statistiques publiées viennent contredire leur prédiction, en tous cas pour le moment. En sus, l’OCDE a finalement publié ses indicateurs économiques début septembre, après un gel estival, qui laissent bien entrevoir un ralentissement économique anglais mais moindre que prévu. Outre-Atlantique, la Fed a, une nouvelle fois, opté pour le statu quo, appuyant sa décision sur l’incertitude économique mondiale suite à la victoire du Brexit en juin dernier et les possibles répercussions sur l’économie mondiale qu’aurait une remontée des taux. Toutefois, la présidente de l’Institution américaine a laissé entendre dans son discours qu’une remontée des taux avant la fin de l’année pourrait avoir lieu étant donné la solidité des statistiques économiques américaines.
Remontée possible des taux aux Etats-Unis – Elle a cependant atténué son propos en précisant que, quel que soit la décision de la Banque Centrale, cette hausse serait progressive pour éviter tout à-coup sur l’économie mondiale. Bien que la croissance du PIB au 2e trimestre ait déçu, n’atteignant seulement que 1,2% (en taux annualisé), la solidité du marché de l’emploi américain s’est, à nouveau, illustrée au cours de cet été grâce à un niveau de créations de postes dans le secteur privé, publiées par l’enquête ADP, supérieur aux attentes, 177 000 emplois créés en août (170 000 attendus), le taux de chômage restant stable à 4,9%. Du côté des indicateurs conjoncturels, les données ne donnent pas plus de visibilité. En effet, tandis que les indices PMI semblent indiquer une légère contraction de l’activité économique américaine pouvant être due à la période estivale, les indices ISM alimentent les inquiétudes des investisseurs. On notera ainsi un indice PMI manufacturier de 52 en août (52,9 en juillet), et un indice PMI des services de 51 (contre 51,4 en juillet). L’indice ISM manufacturier ralentit fortement à 49,4 (52,6 en juillet) tout comme celui des services à 51,4 (55,5 en juillet). Les consommateurs, quant à eux, se montrent très optimistes avec un indicateur de confiance en forte augmentation à 101,1 en août (96,7 en juillet) et ce malgré un recul des ventes au détail (-0,3% en août).
Essoufflement du marché immobilier américain – Sur le marché immobilier, on note un certain essoufflement mais la période est souvent synonyme de ralentissement. Tandis que les permis de construire restent stables (-0,4%) à 1,14 million d’unités en rythme annualisé en août, les ventes de logements stagnent dans l’ancien (5,33 millions contre 5,38 millions en juillet) mais bondissent dans le neuf à 654 000 unités en juillet (582 000 en juin, en rythme annualisé). Les mises en chantier reculent de 5,8% et s’établissent à 1,14 million (1,2 million en juillet). Pour autant les professionnels du secteur immobilier restent confiants comme le montre l’indice NAHB qui s’établit à 59 en août après 58 en juillet.
Amélioration asiatique – En Asie, la situation s’est légèrement améliorée en août. Au Japon, le président de l’Institution nippone a déclaré qu’afin de renforcer sa lutte contre la déflation, des objectifs de taux d’intérêts allaient être mis en place en commençant par les taux d’intérêts à 10 ans. La Banque Centrale entend, en effet, déployer les moyens nécessaires à ce que ces taux restent proches de 0. Cette décision a été prise alors que la croissance au 2e trimestre de l’économie nippone a été révisée à la hausse de +0,7% en taux annualisé (contre 0,2% précédemment publié), ce qui représente deux trimestres consécutifs de hausse. L’économie japonaise est toujours peu dynamique comme le montrent les difficultés du commerce extérieur avec un 11e mois de recul des exportations au mois d’août (-9,6% sur un an). Du côté des statistiques chinoises, la situation semble moins négative que prévue. En effet, l’injection de liquidités dans le système financier (80 Mds de yuans soit 10,7 Mds€), l’annonce de projets connexes entre les places de Shenzhen et Hong-Kong ainsi que la suppression future de barrières à l’entrée pour les investisseurs étrangers ont su rassurer, pour le moment au moins, les investisseurs. Le gouvernement a également annoncé des mesures de soutien à la demande nationale via un renforcement de sa politique budgétaire. Toutefois, les indicateurs ne reflètent pas encore totalement ce nouvel élan. La production industrielle reste peu dynamique comme l’indique l’indice PMI manufacturier à 50 (contre 50,6 en juillet) mais l’indice PMI des services accélère à 52,1 (contre 51,7 en juillet). Quant aux exportations, elles continuent de ralentir mais de manière moins prononcée avec -2,8% au mois d’août sur un an (190,6 Mds$), tandis que les importations repartent à la hausse (+1,5%) pour la première fois en deux ans (138,5 Mds$).
Brexit en attente – En Europe, dans leur ensemble, les statistiques ne donnent pas encore de réelle indication quant à l’impact du Brexit sur les économies. Alors que la Banque d’Angleterre a décidé de prendre des mesures pour pallier un éventuel ralentissement (lancement d’un programme de rachat de 60 Mds£ d’obligations souveraines sur 6 mois et de 10 Mds£ d’obligations d’entreprises sur 18 mois, abaissement d’un quart de point de son taux de refinancement), le président de la BCE a annoncé que de nouveaux outils de politique monétaire pourraient être utilisés si la situation le nécessitait. Côté statistiques, la croissance au 2e trimestre en zone euro a ralenti pour s’établir à +0,3% au 2e trimestre (+1,6% sur un an). L’indice PMI manufacturier de la zone euro recule à 51,7 en août (contre 52 en juillet) et l’indice PMI du secteur des services diminue à 52,1 en août (52,8 en juillet). En France, bien que la croissance s’essouffle à 0% sur le trimestre après 0,6% le trimestre précédent, les indicateurs conjoncturels témoignent d’une légère amélioration de l’économie. L’indice PMI manufacturier reste stable à 48,3 en août (contre 48,6 en juillet) tandis que l’indice PMI des services consolide son avancée à 52,3 (50,5 en juillet). Côté immobilier, on remarque un ralentissement du marché anglais notamment en raison d’une baisse notable de la demande et de la plus faible croissance des prix des logements en 3 ans. Certains estiment qu’il s’agit là d’un effet du Brexit mais il ne faut pas omettre le récent changement de fiscalité venu alourdir les prix des transactions sur l’immobilier résidentiel anglais.
Moral euro en berne – Du côté du moral des acteurs, les évolutions ne sont guère encourageantes. Alors que l’indicateur du sentiment économique ZEW des investisseurs en zone euro repasse en territoire positif à 0,5 (contre -6,8 en juillet), celui publié par la Commission Européenne (CE) diminue et se situe à 103,5 en août (contre 104,5 en juillet), son plus bas niveau depuis mars. L’indice du climat des affaires de la zone euro a, également, reculé à 106,3 (contre 108,3 en juillet). En France, le climat des affaires reste stable à 101 (102 en juillet). Côté consommateurs, la confiance faiblit légèrement encore ce mois-ci avec un indice atteignant -8,5 (contre -7,9 en juillet) en Europe.
Indices immobiliers résistants – Au mois d’août, les indices immobiliers ont mieux résisté que les indices de référence notamment européens. En effet, l’indice de performance globale Euronext IEIF REIT Europe a gagné 0,2% sur le mois d’août, tandis que l’indice Dow Jones Stoxx 50 affiche une performance négative de 0,06%. L’indice Euronext IEIF SIIC France a progressé de 1,1%, alors que l’indice CAC 40 a reculé de 0,04% sur le mois. Sur un an, l’indice immobilier français Euronext IEIF SIIC France affiche une belle performance positive avec +18,5% tandis que les autres indices ont des performances négatives. L’indice Euronext IEIF REIT Europe perd 6,1% sur un an, l’indice CAC 40 baisse de 1% et l’indice Dow Jones Stoxx 50 recule de 4,6%. Les foncières françaises ont donc plus que jamais le vent en poupe.
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