Antoine Depigny, directeur des fonds retail chez Praemia REIM, revient sur les difficultés rencontrées par le gestionnaire. Et les mesures mises en place pour sortir de la crise. Avec conviction… Interview.
Bonjour Antoine. Praemia REIM traverse une période, disons, de « turbulences ». Pouvez-vous nous éclairer sur les raisons de cette situation, et nous expliquer la démarche que vous avez mise en place dans ce contexte ?
Antoine Depigny – Oui, effectivement, nous avons connu deux zones de turbulences. La première tient à l’immobilier collectif, qui traverse aujourd’hui une véritable tourmente. Même si, selon moi, nous avons déjà franchi une partie des difficultés les plus lourdes. La seconde est liée à la transformation profonde de notre maison : Praemia REIM, ex-Primonial REIM. Le changement a été majeur, car nous nous appuyions auparavant sur le réseau de distribution Primonial. Ce réseau ayant été cédé au groupe Laplace, nous reprenons aujourd’hui notre indépendance. C’est donc une forme de renaissance, mais dans un contexte immobilier difficile.
Mais l’actualité a aussi mis en lumière certaines difficultés concernant vos SCPI. Pouvez-vous nous préciser leur situation actuelle ?
Antoine Depigny – Nous gérons deux grandes typologies de fonds. D’un côté, des SCPI de bureaux, comme Primopierre, qui traversent une période compliquée. Le marché du bureau en effet est affecté à la fois par la remontée des taux d’intérêt et par l’évolution des usages. Ce qui pèse lourdement. De l’autre, nous avons des SCPI positionnées sur des secteurs beaucoup plus porteurs. Comme celui de la santé, avec Primovie. C’est véritablement le cœur de notre activité, qui mobilise la moitié de nos équipes, et qui se révèle beaucoup plus résilient.
Comment envisagez-vous l’avenir dans ce contexte ?
Antoine Depigny – Je le vois en deux phases. D’abord, nous devons gérer avec responsabilité les véhicules existants, en particulier les SCPI de bureaux. C’est une classe d’actifs structurellement fragilisée. Et il s’agit de travailler dans le temps long pour améliorer, autant que possible, les perspectives de performance. La seconde phase, plus ambitieuse, est tournée vers l’immobilier alternatif et l’immobilier géré, en particulier la santé. C’est là que nous voulons créer de la valeur demain. L’immobilier « à l’ancienne », qui consistait simplement à acheter un actif, le louer et attendre, n’est plus suffisant.
Pouvez-vous préciser ce que vous entendez par création de valeur ?
Antoine Depigny – Traditionnellement, l’immobilier se limitait à l’acquisition et à la mise en location d’actifs. Notre conviction est qu’il faut aller plus loin et créer de la valeur en renforçant l’interaction entre le bailleur, le locataire et l’opérateur. Cela peut passer par exemple par des modèles intégrés, comme le « murs et fonds » en hôtellerie. Ou par une gestion beaucoup plus fine des actifs de santé, en accompagnant directement les besoins des exploitants. Ce type d’approche n’existe pas encore véritablement, mais nous voulons être pionniers. C’est exactement là où le marché nous attend.
Au vu de la situation, peut-on dire que vous cherchez aussi à reconquérir vos clients actuels ?
Antoine Depigny – Tout à fait. Nous ne disposons plus du système de distribution intégré de Primonial. Notre objectif est donc de regagner des parts de marché en allant directement à la rencontre de nos partenaires et de leurs clients, avec lesquels nous n’avions pas nécessairement de lien direct jusqu’ici. Nous les invitons à venir vers nous. Nos équipes – plus de 400 personnes dans le groupe – sont mobilisées pour répondre à toutes les questions et assurer un véritable service après-vente. Nous voulons être présents à leurs côtés aujourd’hui, et demain, lorsque nous relancerons la distribution de Primovie et des nouvelles gammes de produits.
Pour conclure, Antoine, quel message clé souhaiteriez-vous transmettre ?
Antoine Depigny – On a parfois qualifié Praemia REIM de « too big to fail ». Aujourd’hui, nous sommes en pleine tourmente, et nous travaillons sans relâche sur nos produits, dans un contexte qui reste très compliqué. Mais je suis convaincu que nous en sortirons renforcés. Nous serons plus solides demain parce que nous avons traversé cette crise et effectué ce travail exigeant.
Propos recueillis le 19 juin 2025
Lire aussi
- Praemia REIM renforce sa stratégie paneuropéenne dans le logement étudiant avec l’arrivée de Thomas Storgaard
- « Disposer d’un portefeuille santé aussi dense et qualitatif est une véritable opportunité… »
- « Notre force repose sur la profondeur de notre engagement dans ce secteur … »
- Praemia REIM confie sa stratégie de recherche à Guy-Young Lamé
- Praemia REIM et Grupo Lar sécurisent un refinancement vert pour VIVIA
- La SCPI Primovie publie son bulletin pour le 1T 2025
- Praemia REIM tranche dans le vif pour quatre de ses SCPI
A propos de Praemia REIM(i)
Praemia REIM est un gestionnaire d’actifs immobiliers européen de premier plan, avec plus de 36 milliards d’euros d’actifs sous gestion et un portefeuille de plus de 1 600 immeubles dans 11 pays. La société conçoit et gère une large gamme de solutions d’investissement immobilier, couvrant les secteurs de bureaux, santé et éducation, commerce de détail, résidentiel et hôtellerie, avec un fort engagement en faveur de la performance à long terme et de l’intégration ESG. Elle compte plus de 450 collaborateurs répartis entre la France, l’Allemagne, le Luxembourg, l’Italie, l’Espagne, Singapour et le Royaume-Uni.
(i) Information extraite d’un document officiel de la société.