Julie Douarin, influenceuse phare dans le secteur de l’immobilier, échange avec Guy Marty. C’est quoi, le « métier » d’influenceuse ? Pourquoi les SCPI sont-elles aussi peu connues du grand public ? L’IA à la française est-elle à la hauteur ? Débat.
Guy Marty – Nous accueillons aujourd’hui celle que l’on présente comme la première influenceuse mondiale de l’immobilier. Bonjour Julie…
Julie Douarin – Bonjour Guy, et merci de m’avoir invitée.
La première influenceuse mondiale dans l’immobilier
Guy Marty – C’est un titre qui t’a été attribué par Yahoo Finance, aux États-Unis, il y a quelques années maintenant. Depuis, tu continues de figurer dans de nombreux classements internationaux. Nous allons parler de ton rôle d’influenceuse, bien sûr, mais aussi de tes différentes casquettes. Commençons par l’une d’elles : en tant que présidente de Real Tech, peux-tu nous présenter cette structure ?
Julie Douarin – Bien sûr. Real Tech – ou Real Tech RT plus exactement – est une société de conseil que j’ai fondée pour accompagner une dizaine de dirigeants dans l’immobilier, sur plusieurs continents. Il s’agit de profils très variés – présidents, présidentes – que j’accompagne sur des sujets stratégiques, de communication et de visibilité. Parmi les personnes que je conseille, huit sont impliquées dans des dynamiques intercontinentales. Typiquement, une société française qui cherche à s’implanter en Asie ou aux États-Unis, ou inversement.
Présente sur Instagram, mais aussi sur LinkedIn
Guy Marty – Et concrètement, qu’apportes-tu à ces dirigeants ? Tu te définis parfois comme un mentor…
Julie Douarin – J’apporte un accompagnement sans faille, une vision de travail claire et, surtout, des actions concrètes et immédiates. Il ne s’agit pas seulement de conseil théorique, mais d’un vrai passage à l’action.
Guy Marty – Deuxième facette : l’influence. Tu es très présente sur les réseaux sociaux. Sur lesquels précisément ?
Julie Douarin – Mon principal canal est Instagram. Mais depuis ce matin, je figure aussi dans un classement des personnalités influentes à suivre sur LinkedIn en 2025, publié par un groupement de centres de formation.
Guy Marty – Félicitations ! Je n’étais pas au courant. Mais alors, que signifie pour toi être « influenceuse » ?
Rendre visibles celles et ceux qui façonnent l’immobilier d’aujourd’hui
Julie Douarin – J’aime bien la manière dont tu poses la question. Pour moi, l’influence, ce n’est pas une posture superficielle. Le terme est souvent mal perçu en France. Dans mon esprit, il s’agit d’influencer des idées, de raconter, d’expliquer, de vulgariser. Ce n’est ni du marketing de vacances ni du maillot de bain ! Si vous venez sur mes comptes Instagram ou LinkedIn pour cela, vous serez déçus.
Guy Marty – Et qu’est-ce qui t’a poussée à te lancer dans cette démarche ? Qu’est-ce qui te porte ?
Julie Douarin – Cela fait vingt ans que je gravite dans l’univers de l’immobilier. J’y ai rencontré des personnalités et observé des projets absolument remarquables, en France, en Europe et ailleurs. Et pourtant, très peu de gens savent qui fait quoi, comment et pourquoi. Il était temps de raconter ces histoires, de rendre visibles celles et ceux qui façonnent l’immobilier d’aujourd’hui. C’est pour cela que j’ai commencé.
Des SCPI à l’immobilier entre particuliers, toutes les thématiques sont abordées
Guy Marty – Donc il s’agit de mettre en lumière des personnes que tu rencontres ou que tu admires ?
Julie Douarin – Exactement. Ce sont souvent des personnes avec qui j’ai travaillé ou avec qui j’aimerais collaborer. Elles sont brillantes, engagées, et portent des projets ambitieux dans tous les segments de l’immobilier.
Guy Marty – Tu mets en avant les individus, mais aussi des thématiques ?
Julie Douarin – Absolument. Je parle de formation, de typologies immobilières. Je m’intéresse aussi bien aux SCPI qu’à l’immobilier commercial, au résidentiel, au luxe, ou encore à l’immobilier entre particuliers. Et je ne me limite à rien.
Guy Marty – Justement, on en vient à un sujet qui te tient à cœur : la formation. Tu m’as confié ton étonnement, voire ton agacement, face à l’absence des SCPI dans les cursus de formation. Peux-tu nous en dire plus ?
Il n’existe quasiment aucun cours sur les SCPI dans les grandes écoles de l’immobilier
Julie Douarin – Oui, c’est quelque chose qui m’a réellement interpellée. J’enseigne dans plusieurs grandes écoles, en immobilier comme en business. Chaque année, je corrige une vingtaine de mémoires : quatre seulement concernent les SCPI. Et ce, alors même qu’il n’existe quasiment aucun cours sur le sujet dans les programmes. Les SCPI, ce n’est ni seulement de l’immobilier ni seulement de la finance. C’est une classe d’actifs à part entière, qui mérite bien plus qu’un simple chapitre. Idéalement, un trimestre, voire un semestre.
Guy Marty – Tu soulèves une vraie question. Pourquoi cet angle mort dans les formations ?
Julie Douarin – Parce que, malheureusement, bon nombre de directions d’écoles immobilières ne sont pas issues de l’immobilier. A part quelques exceptions – comme l’ESPI ou l’IMSI – les écoles ne sont pas créées par des professionnels du secteur. Ce sont souvent des structures montées par des profils extérieurs qui recrutent ensuite des formateurs. Mais là encore, on fait appel à des spécialistes de l’immobilier « pur et dur », quand les SCPI relèvent en réalité aussi de la gestion de patrimoine.
Les SCPI restent confinées dans un cercle restreint de professionnels
Guy Marty – Et pourtant, les SCPI mériteraient d’être mieux connues. Pourquoi ?
Julie Douarin – Parce que, malgré leur relative discrétion médiatique, les SCPI séduisent les Français. Elles existent depuis 55 ans ! En comparaison, les cryptomonnaies et le crowdfunding, qui sont bien plus jeunes, bénéficient d’une communication très agressive sur les réseaux. Les SCPI, elles, restent confinées dans un cercle restreint de professionnels. C’est regrettable, car elles ont fait leurs preuves.
Guy Marty – Donc la solution, c’est de les rendre visibles sur les réseaux sociaux. Et sur ce point, tu es l’une des figures de proue. Puisque l’on parle de nouvelles technologies, que penses-tu de l’intelligence artificielle ?
L’IA ne remplace pas l’intelligence, mais elle peut être un formidable accélérateur
Julie Douarin – Pour être honnête, j’étais réticente au départ. J’ai un parcours littéraire, je sais écrire, et je tenais à conserver cette liberté. Mais ma curiosité m’a poussée à explorer. J’ai même suivi un mentoring avec une société spécialisée en IA. Et aujourd’hui, je reconnais que l’outil est précieux, tant qu’il est utilisé avec discernement. Il faut conserver une relecture humaine. L’IA ne remplace pas l’intelligence, mais elle peut être un formidable accélérateur.
Guy Marty – Je connais une formule qui dit : « L’IA ne prendra pas le travail des gens. Ce sont ceux qui l’utilisent qui prendront le travail de ceux qui ne l’utilisent pas ». Ça te parle ?
Julie Douarin – Oui, complètement. Je souscris pleinement à cette idée.
Guy Marty – Et dans l’immobilier, les applications se multiplient ?
La France n’est pas du tout en retard sur l’IA
Julie Douarin – De plus en plus. Un salon entièrement dédié à l’IA appliquée à l’immobilier s’est d’ailleurs tenu récemment. La France n’est pas en retard, bien au contraire. Les solutions développées ici sont au même niveau que celles des États-Unis. C’est très encourageant.
Guy Marty – Merci beaucoup Julie pour cet échange passionnant.
Julie Douarin – Merci à toi, Guy. Et merci pour tout ce que tu as fait pour le secteur, notamment à travers le module que tu as créé sur les SCPI à Audencia. Tu as été un précurseur. Merci pour ça.
Guy Marty – C’est vrai… Mais c’est une autre histoire. Merci Julie.
Propos recueillis le 19 juin 2025.