La question des valeurs refuges se pose à nouveau. Inflation, hausse des taux d’intérêt, problèmes énergétiques, tensions géopolitiques. Que faut-il de plus pour un « avis de tempête économique » ? Passons en revue les principaux placements possibles : actions, immobilier, or et argent, cryptomonnaies.
Bonjour,
J’espère que vous arrivez à garder le moral, malgré toutes les mauvaises nouvelles qui nous assaillent, et surtout toutes les incertitudes sur le proche avenir que l’on nous présente jour après jour.
Autant vous le dire tout de suite, j’ai décidé de ne pas avoir d’opinion sur la gravité de ce qui nous attend. Nous allons peut-être glisser sur un toboggan de catastrophes, mais aussi il peut toujours se produire des événements inattendus pour l’instant, qui pourraient limiter la casse, voire redresser la tendance.
Donc pas de panique, mais de la prudence.
En matière de placements, cela signifie rechercher des valeurs refuges.
Au fait, vous savez d’où vient le mot refuge ? Il est très ancien. Dans le langage militaire romain, « fugere » voulait dire fuir. Pas glorieux. Mais très vite dans l’ancien français, fuir le danger, ou trouver un asile, correspondait à un réflexe de survie bien normal. Et le refuge est devenu le port où un navire venait s’abriter de la tempête, l’endroit où un groupe de personnes pouvait se mettre à l’abri.
Alors voilà, il y a des risques de baisses des marchés, Bourse comme immobilier. Avec le Livret A ou les placements obligataires dévorés par l’inflation. Risque ne veut pas dire certitude, mais possibilité bien réelle.
La Bourse, il faudra ne pas la rater… mais plus tard
Les Bourses mondiales ont déjà baissé, et certains analystes, économistes, youtubeurs et autres influenceurs annoncent un véritable krach. Pas de doute, cela leur donne une certaine audience. Mais je refuse d’avoir une opinion. La seule chose que je sais, c’est qu’en cas de tempête les actions ne sont pas une valeur refuge.
L’immobilier est-il une valeur refuge ?
L’immobilier ? Là aussi un certain nombre d’analystes, économistes, youtubeurs et autres influenceurs annoncent une chute plus ou moins sévère. Cela fait marcher l’audience. À tort ou à raison ? Imaginons le pire, une crise économique très grave. Avec des taux d’intérêt qui continuent de monter. Bien sûr il y aura un choc sur l’immobilier… Mais !
- D’abord le logement où les immeubles d’entreprise, actifs réels, tangibles, qui ne sont pas cotés tous les jours et qui ne se vendent pas d’un simple clic sur internet, ne connaissent pas les chutes vertigineuses des marchés financiers.
- Ensuite, le secteur immobilier possède un amortisseur considérable par les baux locatifs de plusieurs années. C’est un privilège considérable d’avoir un contrat de chiffre d’affaires.
- Enfin, grâce à une évolution récente, les placements immobiliers d’aujourd’hui, SCPI, OPCI et autres fonds bénéficient d’un amortisseur supplémentaire, celui d’une double diversification, à la fois par immeubles / locataires de différents secteurs économiques, et par localisations géographiques.
Autrement dit, on peut considérer l’immobilier comme un véritable « refuge » au même titre que celui dans lequel les alpinistes se mettent à l’abri en montagne. Ils resteront bloqués tout le temps que la tempête fera rage, mais ensuite ils sortiront au soleil et reprendront peu à peu leur ascension.
En ce sens, en sachant qu’il faudra pouvoir patienter, l’immobilier est une valeur refuge.
Ne pas oublier l’or et l’argent
Et que devient la valeur refuge par excellence, la plus célèbre de toutes, l’or ? Les avis sont tellement partagés que là encore, j’ai décidé ne pas avoir d’opinion. Il n’a pas vraiment progressé ces derniers mois. De deux choses l’une : soit les inquiétudes sont exagérées, soit il attend son heure. Il a déjà fait le coup par le passé. Imprévisible.
Alors oui, pourquoi ne pas acheter un peu d’or, pour le cas où ? Crise économique, inflation, guerre sont ses ressorts. On peut le voir comme un contrat d’assurance : s’il n’y a pas de bobos, vous avez payé pour rien. S’il y a accident, vous vous réjouissez d’avoir payé la prime d’assurance. L’or répond exactement à la logique d’une valeur refuge. On pourrait mettre dans la même catégorie l’argent métal.
Acheter des cryptos pour le meilleur et pour le pire
Et puis, n’y aurait-il pas des valeurs refuges naissantes ? Les cryptomonnaies ont leurs partisans et leurs opposants. Difficile d’avoir une opinion tranchée sur une industrie en devenir. Je vous propose une approche non par l’intelligence ou par la boule de cristal, mais par deux constats.
- Premier constat, le système monétaire mondial souffre. À bout de souffle. Les Banques Centrales ont injecté beaucoup trop de liquidités, et finalement de dettes, dans le circuit économique. Le dollar fait la guerre aux autres monnaies. Des pays entiers, et non des moindres comme la Russie et la Chine, voudraient abattre la suprématie du dollar.
- Second constat, un certain nombre de particuliers, mais aussi de grands institutionnels, adoptent la logique de valeur refuge en achetant, sorte de prime d’assurance, les principales « cryptos ». Aventureux, car probablement certaines ne survivront pas. Mais prime d’assurance quand même, car celles qui survivront pourraient se valoriser en exacte symétrie des difficultés des monnaies classiques.
Donc oui, on peut penser qu’un jour, après la tempête, on dira que l’univers des cryptos a constitué une valeur refuge. Comme dans la publicité, tous les gagnants au Loto avaient acheté un billet…
Vous l’avez compris, je n’ai pas d’opinion sur l’avenir qui nous attend. Par nature j’ai envie d’être optimiste, mais je ne suis pas sourd au bruit et à la fureur du monde actuel. Et je sais qu’on ne gère pas un naufrage(1). Mais on peut chercher une bouée, et c’est le rôle des valeurs refuges.
En attendant des jours meilleurs, qui ne manqueront pas d’arriver.
Je vous souhaite une très, très une bonne journée.
(1) « On ne gère pas un naufrage ». J’ai trouvé cette belle et triste formule dans le livre La déesse des petites victoires de Yannik Grannec. L’histoire romancée de la femme du mathématicien Kurt Godël, dans un style remarquable. Les amoureux des mathématiques ou de physique y trouveront de nombreuses références… que ne verront pas passer les autres lecteurs. On y fréquente une poignée de grands scientifiques dont Einstein, mais cela reste un ouvrage parfaitement accessible et agréable à lire. J’attends le prochain roman de l’auteure !
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