Selon les informations que l’on peut recueillir auprès des sociétés de gestion, les souscriptions de parts de SCPI ont atteint un niveau record au premier semestre ; les estimations actuelles portent sur un chiffre de l’ordre du milliard d’euros, à comparer aux 600 millions enregistrés au cours de la même période de 2010. Ce chiffre est d’autant plus remarquable qu’il comporte une part encore faible de SCPI Scellier, qui n’étaient pas disponibles dans les premiers mois de 2011 et auxquelles les épargnants songent surtout en fin d’année… Une collecte totale de 2,4 milliards d’euros avait été réalisée sur l’ensemble de 2010. Un chiffre de l’ordre de 3 milliards peut d’ores et déjà être envisagé pour cette année.
Cette performance ne doit guère surprendre. Le marché des actions ne parvient pas à retrouver une tendance durablement haussière, les emprunts d’Etat inspirent moins confiance et des doutes planent sur la fiscalité de l’assurance-vie. Au deuxième trimestre, les retraits l’ont emporté sur les souscriptions sur les OPCVM, qu’il s’agisse des SICAV ou FCP de trésorerie, d’obligations, d’actions ou diversifiés. Au total, la décollecte a atteint 16,8 milliards en trois mois; elle est de 58,5 milliards sur douze mois. Quant à l’assurance-vie, la collecte a reculé en juin, pour le septième mois d’affilée ; pour le premier semestre, la baisse est estimée à 11 %.
Des professionnels confiants
Dans ce contexte peu porteur pour les autres produits financiers, la pierre-papier est apparue comme l’un des placements alliant le mieux sécurité et rendement. Toute la question est de savoir si le mouvement peut durer. Il est évidemment hors de question que des records soient battus constamment semestre après semestre, mais on peut raisonnablement penser que la collecte va rester à un niveau durablement élevé.
C’est du moins ce qu’anticipent certains professionnels. Ainsi, à l’occasion de la publication des résultats semestriels de l’UFF, Union Financière de France, banque conseil en gestion de patrimoine, ses dirigeants ont réitéré leur confiance dans l’avenir des SCPI. Cette confiance s’exprime par l’entrée à hauteur de 33 % dans le capital de Primonial REIM, société de gestion nouvellement créée par le groupe Primonial.
En la matière, l’UFF avait commencé par créer sa propre SCPI, Ufifrance Immobilier, SCPI de plus-value à capital fixe, gérée par une société ad hoc, Segesfi, en septembre 1988 ; puis elle a commercialisé aussi des SCPI gérées par d’autres sociétés ; enfin, elle entre donc au capital de Primonial REIM, société de gestion naissante, mais avec de grandes ambitions, à laquelle elle apporte Ufifrance Immobilier.
L’objectif est de développer à la fois les SCPI de rendement et les SCPi fiscales. Ainsi que le souligne Nicolas Schimel, PDG de l’UFF, les épargnants sont à la recherche de rendement, mais ils ont besoin de comprendre ce qu’il y a dans les produits qu’on leur vend et d’où vient ce rendement. Les SCPI répondent parfaitement à cette demande. Quant aux particuliers qui souhaitent bénéficier des avantages fiscaux de type Scellier, leur comportement montre qu’ils continuent de faire confiance aux placements collectifs : si, au premier semestre, l’UFF a enregistré un recul des ventes de lots immobiliers en direct de 60 %, les souscriptions de parts de SCPI y ont progressé de 10 %.
Il reste maintenant aux professionnels à investir les sommes ainsi collectées et à maintenir les rendements attrayants qui font le succès de ce produit d’épargne. Ce sera le défi de ces prochaines années.
G. H.