Culture financière des Français : des informations positives !

La culture financière des Français revient régulièrement sur le devant de la scène. Nous serions immatures, sous-cultivés en finance ! Est-ce bien vrai ? Et dans ce cas comment résoudre ce problème ? À une enquête réalisé par l’institut CSA pour la Banque de France , Guy Marty oppose les « Pinterest Predicts ». Oui, les jeunes s’intéressent à l’argent. Oui, ils se posent et posent de nombreuses questions. Pourquoi ne pas prendre acte de la demande ? C’était au micro de Fabrice Cousté sur Radio Patrimoine.

Fabrice Cousté : Aujourd’hui nous allons parler de la culture financière des Français. Les Français sont-ils aussi nuls qu’on le dit ? La Banque de France vient de dévoiler une enquête justement sur cette culture financière.

Guy Marty : Enquête très intéressante puisqu’il ressort de cette enquête que les Français ne sont ni mieux ni moins bien que les autres européens.

Fabrice Cousté : Bonne nouvelle ! Alors quels sont les enseignements clés ?

La culture financière est jugée par en haut…

Guy Marty : Beaucoup de Français détiennent un livret A et pratiquement personne ne connaît le taux d’intérêt. Alors je vous rassure, moi non plus ! On voit aussi que les Français les plus âgés sont beaucoup moins inquiets spour leur retraite que les jeunes.

i vous me permettez de sortir un peu du sujet, bon je trouve très bien que la Banque de France s’appuie sur un bel organisme de sondage pour mesurer la culture financière. Mais je trouve que cette démarche est à la fois intéressante et biaisée. Parce que si on parle entre nous, on va se dire voilà il y a des taux d’intérêt, il y a de l’inflation, il y a de la masse monétaire, il y a des Banques Centrales, il y a des taux d’intérêts composés… On a l’habitude c’est évident.

Et on se demande pourquoi tout le monde ne sait pas cela ? Et quand on est dans un bistro, puisqu’on peut encore y aller profitons-en, il y a beaucoup de gens qui n’ont pas la culture de notre « slang » à nous. De nos habitudes, nos façons de parler, de penser. Exactement comme nous, par rapport à des informaticiens ou par rapport à des techniciens de l’audio etc.

Donc, je pense qu’il y a un danger à ce que les personnes du milieu financier regardent de haut la population pour dire « ouais, ouais, ouais, ils ne savent pas ce qu’il faut faire ».

Je trouve que ce type d’enquête devrait être complété par Pinterest, par exemple

Pinterest, c’est 12 millions je crois d’ « utilisateurs actifs », en France. Il y en a près de 400 et 500 millions dans le monde.

… pourquoi ne pas tenir compte de la demande ?

Fabrice Cousté : Il y a beaucoup de jeunes !

Guy Marty : Beaucoup de jeunes. Et chaque année, Pinterest publie les statistiques en gros des douze derniers mois pour dire quelles sont les tendances. Donc, pour ce qui est de l’argent, ils publient des tendances.

C’est une mesure des consultations, des questions etc. Par exemple, dans les recherches d’avenir professionnel la question qui monte le plus c’est « Comment devenir agent immobilier ? » + 135% en 2021 par rapport à 2020.

C’est assez fabuleux. Cela veut dire que là, on a la curiosité des jeunes. On pourrait peut-être partir de là et se dire « bon, pourquoi il y a autant de jeunes qui veulent devenir agents immobiliers ? »

Parce qu’en ce moment l’immobilier marche très bien, il y a plein de transactions, les agents immobiliers gagnent de l’argent. Donc voilà c’est une tendance. Et on pourrait peut-être partir de là pour expliquer qu’il y a des moments où le marché immobilier va très bien, des moments où il va moins bien. On pourrait leur expliquer aussi pourquoi les prix du logement montent, etc.

Donc, il y a un peu les deux si vous voulez, on peut partir de l’offre de culture financière, mais d’une offre peut être un peu sclérosée. Et l’on peut partir de la demande.

La pédagogie doit être adaptée à son public

Je me livre à cet exercice régulièrement avec mes étudiants. Et plus je joue à cela, plus je m’aperçois qu’il faut parfois expliquer des choses très simples. Et plutôt que le taux du livret A, qui serait un critère de manque de culture financière… il vaut mieux expliquer que le livret A est un contrat, que l’on peut reprendre son argent tout le temps, mais que ce n’est pas un placement. C’est de l’argent disponible pour quand on a un besoin.

Par contre, si on veut prendre un placement, on va aller vers quelque chose de plus ancré dans l’économie qui ne sera pas un contrat. Ce sera un appartement, ouune action en Bourse.

Et justement je m’aperçois qu’avec mes étudiants, même des bac+5, je suis souvent obligé d’expliquer la différence entre une action et une obligation. Donc, je pense que sur les questions de connaissances financières il faut faire très attention.

En fin de compte je trouve que dans toutes ces études sur la culture financière des ménages, il y a une petite odeur de « nous on sait, eux ils ne savent pas » qu’il faudrait enlever.

Car ce qui est intéressant, + 190% chez Pinterest pour « Comment mieux placer mon argent ? »

Il y a de la curiosité ! Partons de cette curiosité.

Par exemple, nous avons sur Pierrepapier, un article que Google aime beaucoup qui s’appelle « Comment devenir riche ? » Et c’est vrai, vous tapez Google « Comment devenir riche ? », vous tombez assez rapidement sur un ???? qui s’appelle « Investissement, comment devenir riche ? ». C’est simplement l’explication du versement programmé ou du paiement mensuel. Si on met chaque mois un peu d’argent de côté, on y arrivera. Et comme par hasard, les statistiques de Google Analytics nous disent que nous avons une audience très jeune pour ce type d’article.

Quatre vecteurs pour améliorer la culture financière

Donc je pense que la formation à la culture ou l’amélioration de la culture que tout le monde souhaite, viendra probablement d’abord de l’école. Mais là il faudrait que peut être nos enseignants vivent aussi dans la vraie vie ! Parce que c’est vrai qu’un enseignant, je vais dire quelque chose de pas du tout méchant, j’ai des enseignants dans ma famille… mais c’est quelqu’un qui est entré à l’école à 6 ans qui n’en est jamais sorti ! Donc il faudrait peut-être voir comment nos enseignants pourraient avoir une culture économique.

Il y a un deuxième interlocuteur qui est formidable, c’est le conseiller en gestion de patrimoine. Lui peut revenir sur les bases avec ses clients. D’ailleurs beaucoup de CGP me disent qu’ils sont parfois étonnés de ce que le client ne comprend pas à la base.

Et puis il faut savoir aussi qu’il y a de très nombreux sites internet. J’ai cité Pierrepapier que j’aime bien, évidemment, nous essayons de faire beaucoup de pédagogie. Mais il y a aussi des YouTube extraordinaires.

Pourquoi ne pas, nous professionnels, commencer par établir une liste des bons YouTubers sur l’argent ? Évidemment, ils ne parlent pas comme nous, ils sont beaucoup moins sérieux etc. Mais il y a de la bonne pédagogie.

Fabrice Cousté : D’autant qu’ils font beaucoup d’audience également.

Guy Marty : Absolument !

Fabrice Cousté : Merci Guy Marty, on se retrouve très prochainement pour un nouveau La Gestion de Patrimoine dans tous ses États.