Le risque est l’un des aspects essentiels de tout placement. Il s’agit d’ailleurs de l’une des informations essentielles du DICI – Document d’Information Clé pour l’Investisseur – dont tout épargnant doit prendre connaissance avant de s’engager. Et si ces précautions reposaient sur un malentendu ?
Bonjour,
Nous allons maintenant parler du risque.
En matière de placements, il y a deux choses qu’on entend très souvent.
- Un, tout placement a un degré de risque. Jusque-là je comprends, vous comprenez, nous sommes tous d’accord.
- Mais deux, les placements les plus risqués sont réservés aux investisseurs les plus avisés. Alors là, j’ai du mal. Cela voudrait dire que plus on serait intelligent, plus on serait d’accord pour perdre son argent ?
Bon, il y a un problème. Pas si simple. Donc revenons sur les définitions.
Ce que risque veut dire…
Question étymologie, le mot vient des bateaux et de la navigation. On avait peur de couler et de se noyer. Avec le temps et le développement du commerce, tout marchand craignait en premier lieu que son navire aille au fond de l’eau avec toute sa cargaison. Ce concept, dans le vocabulaire, est donc une idée de perte.
Mais voilà, les mots fatiguent ! Et aujourd’hui, en finance, le risque d’un placement désigne seulement les hauts et les bas, les fluctuations. On ne parle plus de couler, on a juste peur d’avoir le mal de mer !
Le placement le plus risqué, par exemple, c’est la Bourse. Non pas parce qu’elle pourrait mourir et que vous pourriez perdre tout votre argent. Mais parce qu’elle va monter et descendre et remonter et redescendre et remonter. La question est : aurez-vous la patience et surtout les moyens d’attendre un moment favorable pour reprendre votre argent ?
Voilà pourquoi la notion d’investisseur avisé. Notons au passage, en finance être « avisé » ne veut pas dire être intelligent, mais disposer d’assez d’argent. Il faudra un jour publier un vrai dictionnaire de la finance…
L’immobilier constitue un bon exemple
Toujours est-il que le risque d’un placement, c’est tout simplement sa possibilité de connaître des hauts et des bas au fur et à mesure du temps qui passe.
Et l’immobilier répond à cette définition. Voilà bien une illustration du fait que le mot a changé de sens. Car l’immobilier inspire un sentiment de sécurité. Mais on dira que l’immobilier est plus risqué par exemple que les obligations, ou qu’un livret A ou un livret bancaire. Cela ne veut pas dire que vous avez une probabilité sérieuse de perdre votre maison ou votre appartement comme autrefois on pouvait perdre un navire. Cela veut simplement dire que les prix peuvent monter un peu, baisser un peu, etc. À certains moments il vaut mieux attendre pour vendre, si on le peut.
Où est passé le risque de perdre ?
Et voilà ! Nous avons vu la définition du risque d’un placement. Et puisque cette définition a rétréci, rétréci, rétréci, il faudra bien se demander ce qu’est un bon ou un mauvais placement.
Ce sera pour une autre fois, en attendant je vous souhaite beaucoup, beaucoup de succès dans votre vie financière.
Au bonheur des mots de la finance
Voici un exemple pour mettre en lumière le malentendu.
Imaginez un placement qui perde 10 % chaque année. Vous investissez 1000 euros par exemple, et l’année suivante vous n’avez plus que 900 euros. L’année suivante, votre placement a de nouveau perdu 10 %, vous n’avez plus que 900 – 90 = 810 euros. Encore un an, encore 10 % de malheureuse performance, il vous reste 810 – 81 = 729 euros. Et ainsi de suite d’année en année.
Le saviez-vous ? Un placement qui perd régulièrement est « sans risque » ?
Ainsi le veut ce que l’on appelle la « théorie financière ».
Mais comment l’outil utilisé par tous les financiers peut-il déclarer une chose apparemment aussi insensée ?
Tout simplement parce que le placement qui perd régulièrement, année après année, ne connaît pas de fluctuations ! Il n’a aucune « volatilité ».
Explication.
- Tout financier s’estime intelligent.
- Il veut pouvoir reprendre son argent.
- Et il doit pouvoir transformer toute idée en calcul.
Ajoutez ces trois critères, et vous avez un raisonnement fort simple.
- Puisqu’il est intelligent, il ne choisit que de bons investissements.
- La question devient donc pour lui : quelle sera la valeur de son placement le jour où il décidera de revendre ? Ce qui peut se traduire par : de combien la performance pourra-t-elle s’écarter momentanément de la performance moyenne au long des années ?
- Et là il peut utiliser des formules mathématiques pour décrire l’ampleur des fluctuations possibles, autrement dit la « volatilité » du placement. Il peut ainsi mettre un chiffre, ou une note, au « risque de s’écarter de la moyenne à un moment donné ».
Et le financier est satisfait, il a la réponse à sa question. Soit dit en passant, ce qu’il mesure ce sont l’ampleur des fluctuations, autrement dit la « volatilité ».
Mais ce n’est pas la question du particulier… lui, il pense à la « perte possible ».
La théorie financière et son vocabulaire sont à l’usage des financiers. Les mots de la finance ont un sens précis qui peuvent s’écarter parfois de leur sens de tous les jours. Il vaut mieux le savoir !
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