Investir dans la pierre papier, que ce soit sous la forme de SIIC, d’OPCVM spécialisés, de SCPI ou d’OPCI, c’est, dans la plupart des cas, investir dans l’immobilier d’entreprise. Pour le particulier qui envisage ce placement, avoir l’opinion des investisseurs professionnels est un élément d’information important. C’est pourquoi il nous a semblé utile de résumer les propos tenus sur ce sujet lors du colloque organisé par l’IEIF, Institut de l’épargne immobilière et foncière, le 19 octobre dernier.
Antoine de Broglie, président de Stam Europe, n’est pas pessimiste ; il estime que des opportunités intéressantes vont se présenter dans les prochaines années, mais la profession devra faire face à deux grands défis. D’abord, selon lui, le stock de bureaux actuel suffit, il n’y a pas besoin de plus. Pour éviter des excédents, il faudrait détruire un immeuble de bureaux chaque fois que l’on en construit un autre. Ensuite, les prix de marché et les rendements ne tiennent pas compte de l’obsolescence de certains immeubles ; avec les nouvelles normes énergétiques, cette obsolescence va apparaître en plein jour.
Jacqueline Faisant, présidente de BNP Paribas REIM, admet que ces problèmes sont réels ; la question de l’obsolescence de certaines surfaces de bureaux face aux nouvelles normes environnementales se pose effectivement et il n’est pas certain que les réponses soient déjà prêtes. Mais elle est en convaincue : c’est dans les situations de crise que l’on est créatif et efficace. De surcroît, les perspectives de croissance et d’emploi ne lui semblent pas si négatives que cela ; elle constate que le terme de crise ne s’applique pas à la situation réelle de tous les marchés, notamment en province. Le bon développement des OPCI lui apparaît comme un signe d’embellie sur l’immobilier d’entreprise, même si les OPCI grand public ne sont encore que six – deux nouveaux agréments viennent d’être délivrés-, ce qui traduit une difficulté des épargnants à comprendre ce produit.
Ely-Michel Ruimy, président du groupe Aerium Atlas Management, souligne que le marché français se porte mieux que les marchés anglais ou allemand. Les gérants d’immeubles trouvent des locataires, il n’y a pas de défaillance majeure et les banques ont bien accompagné les investisseurs. Beaucoup de groupes se restructurent et revoient leur stratégie. Il note toutefois une compétition forte sur certains emplacements bien placés, avec donc une rentabilité moyenne. A l’étranger, le marché allemand repart remarquablement, mais le marché anglais reste très difficile ; ailleurs, de bonnes surprises ont été enregistrées sur le marché turc, très dynamique.
En résumé, les professionnels de l’investissement en immobilier d’entreprise ne cachent pas que plusieurs défis restent à relever. Mais cela peut permettre aux gérants de faire la différence et des opportunités existent en dehors du quartier central des affaires de Paris, que ce soit en province ou à l’étranger.
G. H.