La crise immobilière actuelle est à la fois conjoncturelle et structurelle. Conjoncturelle, du fait des effets conjugués de l’inflation et de la hausse des taux d’intérêt. Structurelle, par la rareté des logements là où il en faudrait. Avec pour conséquence des loyers chers et des prix parfois inabordables. On pense souvent que ce sont les difficultés propres du secteur immobilier. Mais si la santé économique aussi était en jeu ?
Bonjour,
Content de vous parler à nouveau ! Cette fois-ci je vous propose de nous attarder un peu sur les relations entre l’immobilier et l’économie. Mais pas comme on en parle d’habitude !
Le plus souvent on explique comment la hausse des taux d’intérêt ou l’inflation ou d’autres difficultés économiques pèsent sur le marché immobilier. Eh bien, retournons la question. Est-ce que la santé de l’immobilier, est-ce que le niveau des prix et des loyers, est-ce que le trop ou pas assez de construction, bref, est-ce que l’immobilier a un impact sur l’économie, et surtout dans quelle mesure ?
La sphère immobilière n’est pas isolée de l’économie
Regardons ce qui se passe aujourd’hui sur le marché du logement. Moins d’acquisitions, moins de transactions. Autrement dit moins de gens vendent, moins de gens achètent. Donc moins de chiffre d’affaires pour la filière professionnelle, et des faillites. Donc des pertes d’emploi. Vous me direz que c’est normal. Si tout marché a des hauts et des bas, il faut accepter les bas. Oui, mais si les transactions baissent fortement, si c’est trop dur pour certaines entreprises, on ne peut pas dire qu’il n’y a pas de conséquences sur l’économie en général.
Il en est de même pour la construction, elle diminue. On en connait les raisons. Hausse du prix des matières premières, donc hausse du coût de la construction sur un foncier déjà cher, ce qui ne permet pas de produire des logements à un prix qui pourrait rencontrer des acheteurs. Et l’on assiste déjà à certaines faillites de promoteurs. Normal ? En réalité c’est tout un secteur d’activité qui ralentit, qui produit moins, qui achète moins, qui licencie. L’impact économique se diffuse bien au-delà de la construction.
Rien de bien original, il s’agit en quelque sorte d’un enchainement automatique quand un secteur d’activité se grippe. Oui, mais l’immobilier représente presque 20 % du PIB. Si vous prenez par exemple les activités des banques et des compagnies d’assurance, vous y ajoutez tout ce qui concerne les communications et informations, en incluant bien sûr internet et les services informatiques, plus la culture, et pour aller un peu plus fort vous ajoutez l’aéronautique, eh bien au total vous n’avez pas encore le poids de l’immobilier dans le PIB ! On ne plaisante pas avec un secteur aussi important.
Quand les prix du logement baissent…
Il faut donc faire attention aux effets en chaîne dus aux turbulences du marché de l’immobilier. Si nos gouvernants veulent pouvoir prélever toujours plus d’impôt, comme il semble que ce soit leur intention, il faut qu’ils aient un pays prospère. Donc ils auraient intérêt, plus que jamais, à un marché immobilier qui ne se porte pas trop mal, sinon par contagion c’est leur assiette fiscale qui se dérobe.
De plus, quand les prix du logement baissent, les propriétaires ont la sensation d’être moins riches. Donc ils vont consommer moins. Or il y a près de 60 % de propriétaires en France ! Le signal économique a ici une efficacité redoutable. Au moment précis où l’inflation frappe déjà la consommation des plus pauvres. Or la santé de l’économie dépend bien évidemment de la consommation.
Au total :
- un, les effets en chaîne à partir d’un secteur immobilier en souffrance,
- et deux, la pression sur la consommation,
préparent lentement mais sûrement un scénario de contraction de l’économie.
L’avenir de l’économie, l’avenir de l’immobilier
Alors prenons les paris. Dans quelques temps, nos gouvernants s’étonneront de la faiblesse de la consommation. Ils feront de beaux discours moralisateurs – on en a déjà eu de magnifiques par le passé – sur le fait qu’il est important de moins épargner… Peut-être même aurons-nous des avantages fiscaux vers tels ou tels types de produits. Du déjà vu, pour ceux qui ont quelques souvenirs de l’économie de ces dernières décennies.
Et puis, un jour, pas trop loin je l’espère, nos gouvernants s’apercevront tout à coup que le logement des Français est un enjeu important que d’autres préoccupations leur avait fait oublier. Que le travail ne permet plus à beaucoup de se loger dans de bonnes conditions. Que la situation leur revient en boomerang dans les urgences.
Le monde, c’est vrai, est devenu très complexe. Géopolitique, inflation, taux d’intérêts, réindustrialisation, transition écologique, on comprend que nos dirigeants ne sachent plus où donner de la tête.
« J’allais vers l’Orient compliqué avec des idées simples » a noté le général de Gaulle dans ses mémoires. Le mieux que nous puissions souhaiter est que nos gouvernants s’inspirent de cette méthode de pensée.
Se nourrir, se vêtir et se loger !
Car après tout, à quoi sert la conduite de l’économie, sinon d’abord à permettre à la population d’un pays de se nourrir, se vêtir et se loger ? Dans des conditions décentes ? Trop simpliste, diront certains. Non, simple, précisément. Les besoins que l’on qualifie de primaires constituent la base de la pyramide économique. Si on les néglige, si de nombreuses personnes rencontrent des difficultés à ce niveau, on en aura fini avec une économie saine, robuste.
Et je n’ai même pas parlé de décence sociale ! Pourtant, l’économie n’est-elle pas faite pour les gens ?
Voilà, la santé de l’immobilier dépend de l’économie, on le sait, et celle de l’économie dépend beaucoup de l’immobilier, on ferait mieux de ne pas l’oublier.
Merci de m’avoir écouté, et je vous souhaite une excellente journée.
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