La publication des indicateurs Immostat confirme le fort recul des transactions sur le marché francilien au 2e trimestre. L’investissement, lui aussi, accuse un très net repli. Les brokers s’attendent à une hausse du taux de vacance dans les prochains mois. Et à une redistribution des valeurs en fonction des profils de risque.
Après une année 2019 historique, au niveau national, le marché de l’immobilier d’entreprise a subi un recul lui aussi sans précédent au 2e trimestre 2020. Les indicateurs Immostat, publiés ce 7 juillet, viennent confirmer l’ampleur du repli attendu. La crise sanitaire et le confinement ont effectivement conduit à une chute extrêmement brutale des transactions locatives et des ventes à utilisateurs.
Chute du volume des transactions locatives en Ile-de-France
En Ile-de-France, la demande placée au 2e trimestre 2020 ( 197 500 m²) accuse une baisse de 65 % par rapport au 2e trimestre 2019. Sur l’ensemble du 1er semestre, le recul est de 40 %. Elle aurait pu être encore plus importante sans la signature d’un mega deal – 130 000 m² pour la tour The Link à La Défense -. D’après la plupart des brokers membres du GIE Immostat, le 2e semestre ne suffira pas à compenser le trou d’air du 1er. « La demande exprimée repart à la hausse depuis quelques semaines », constate Grégoire de la Ferté, chez CBRE. « Selon l’ampleur et la rapidité de la reprise, le volume des transactions pourrait atteindre entre 1,3 et 1,5 millions de mètres carrés en 2020 », estime-t-il. Soit près d’un million de mètres carrés de moins qu’en 2019…
Remontée attendue des taux de vacance
Il devrait en résulter une remontée des taux de vacance. Les chiffres du second trimestre seront publiés prochainement. Mais, d’ores et déjà, CBRE s’attend à un taux moyen de 6,5 % en Ile-de-France d’ici fin 2020. Certaines zones seraient plus affectées que d’autres. Telles que La Défense ou la 1ère couronne Nord, « compte tenu du nombre important de chantiers en construction », explique Eric Siesse, chez BNP Paribas Real Estate. Paris intra-muros serait en partie préservé. Car « il conserve un taux de disponibilité extrêmement faible », ajoute-t-il. Il était de seulement 2,9 % au 1er juillet 2020. Mais le constat est clair : « le déséquilibre entre les différents pôles tertiaires risque de se renforcer », pronostique-t-on chez CBRE. Côté loyers, les pressions à la baisse devraient « rester contenues, en moyenne », estime par ailleurs le broker.
Recul marqué de l’investissement sur la France entière
Ce qui permet toutefois d’entrevoir des révisions « plus marquées », notamment pour les actifs les moins récents. Ou situés au sein de zones où l’offre est abondante. Une tendance qui conduirait également à modifier la valeur de revente de ces actifs. BNP Paribas reconnaît toutefois qu’il est, à ce stade, difficile de faire des prévisions. « Tant les incertitudes sur la suite et le profil de la reprise économique demeurent », estime-t-il. Côté investissements, le recul est toutefois encore plus marqué. Selon Immostat, qui publie pour la 1ère fois des données nationales, l’immobilier d’entreprise a drainé 4 Md€ au 2e trimestre 2020. C’est 58 % de moins qu’en 2019. La baisse, sur le seul marché francilien, ressort à 64 %.
Les écarts entre les profils de risque devraient se creuser
Difficile, là encore, d’imaginer le potentiel de rebond du marché de l’investissement. Et l’impact que la crise sanitaire et la crise économique auront sur les prix des actifs. Le leitmotiv des observateurs se focalise sur la nouvelle « hiérarchisation des valeurs » attendue. La prise en compte de la localisation, de la qualité et du risque locatif des actifs sera plus systématique. Autrement dit, comme le souligne Olivier Ambrosiali, chez BNP Paribas RE, « les écarts entre les profils de risque devraient se creuser ». Ce qui signifie baisse des valeurs pour les uns, maintien (ou hausse ?) pour les autres. Le marché y verra sans doute plus clair dans les prochains mois…
Frédéric Tixier
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